Peindre, on l'oublie parfois, était une profession qu'il fallait apprendre dès l'adolescence, pour une durée de dix à quinze ans. Pas question d'avoir des angoisses liées à son moi profond en regard d'une création picturale qui marquerait définitivement l'histoire de l'art, un tournant pour l'humanité. Non. Tu fais ta cimenterie, tu gâches ton plâtre et tu te débrouilles pour finir avant qu'il soit sec. Punto e basta !
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Buffon |
Etait-ce mieux, moins bien qu'aujourd'hui ? Ce n'est pas le propos de cet article. Ce que j'aimerais examiner est le fait que tout peintre, jusqu'aux Impressionnistes (non compris), apprenait tant la technique que la manière de son maître. Ce n'est qu'avec ce complet bagage qu'éventuellement des particules de sa personnalité pouvaient éclore , pour autant que le commanditaire accepte ensuite de régler la facture des éventuels débordements stylistiques !
La fin du vingtième siècle voit apparaître des écoles où la technique du peintre n'est plus apprise, afin de permettre une meilleure concentration sur le développement de la créativité et des nouvelles technologies (je simplifie). Les artistes peuvent donc difficilement accepter cette appellation de «peintre». Ils la laissent aux gars du bâtiment. Leur ego se satisfait du terme de «plasticien».
Pour ceux qui VEULENT peindre, envers et contre tout, la presse spécialisée s'empressera de se ruer dans le créneau laissé vacant par les écoles d'art et fera paraître des magazines présentant quelques méthodes au fil des mois, des années.. Où sont les maîtres, les mentors ? Difficile de répondre. Soit on se satisfait de sa richesse intérieure, soit on va voir ce que l'histoire de l'art (forme littéraire ou audio-visuelle) peut nous offrir comme références.
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J.M.W. Turner |
Fin de la théorie générale (-ment barbante). Prenons un cas concret. Au hasard : le mien. Finalement on ne parle bien que de ce que l'on connaît.
J'ai eu comme principaux maîtres virtuels William Turner, Pierre Bonnard, August Strindberg mais aussi les potes de Chauvet et Lascaux. Cela ne paraît certes pas évident en regardant mes peintures et c'est heureux : pourquoi refaire ce qui a été fait et bien fait.
En réalité, c'est en examinant leurs évolutions picturales respectives, tout en prenant intimement connaissance de leurs biographies et écrits personnels, correspondances, etc, que j'ai pu faire le lien entre leur personne et leur peinture (structures profondes, palettes, sujet, techniques). Une sorte de graphologie picturale, pour ainsi dire. En procédant par analogie je pus commencer à me former .
Il me fallut mieux me connaître, tout en mettant au point les fondements de ma propre technique ; elle devait correspondre au plus juste à mon tempérament et aux sujets que je désirais aborder.
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A. Strindberg |
Il est évident que je n'imite ni Turner, ni Bonnard , pas plus que Strindberg ou mes ancêtres préhistoriques. Dieu m'en préserve. Leur point commun, vital s'il en est, est de se comporter en électrons libres, ce qui est également mon cas. Le parcours des « électrons libres» sera étudié par le comte de Buffon et, plus tard, par Edward Lorenz. Bref, le mieux serait maintenant de leur laisser la parole. Cela m'évitera de faire de grandes phrases redondantes, et vous indiquera ce qui, en plus de l'étude de leur œuvre, m'a grandement ouvert l'esprit et permis de cheminer sur ma propre trajectoire picturale.
Ce sera court. Je fais l'impasse sur la Bible, qui conditionne le quotidien que l'on soit croyant ou non, par le biais des constitutions et appareils judiciaires et sociaux divers. J'omets également Spinoza, car le lien avec l'art peut de prime abord paraître contestable, sinon improbable.
Voici donc quelques citations porteuses de mon travail :
0. Les peintre de Chauvet, Lascaux, etc
Je ne leur ferai pas l'insulte de prétendre les avoir compris. Qui le pourrait ? On leur doit de nous introduire au mystère pictural [(alt)de l'image peinte].
1. Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788)
Citation datant de 1783 montrant que sa vision d’un monde ergodique et mélangeant était bien proche de celle de Lorenz.
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P. Bonnard |
[...] tout s’opère, parce qu’à force de temps tout se rencontre, et que dans la libre étendue des espaces et dans la succession continue du mouvement, toute matière est remuée, toute forme donnée, toute figure imprimée ; ainsi tout se rapproche ou s’éloigne, tout s’unit ou se fuit, tout se combine ou s’oppose, tout se produit ou se détruit par des forces relatives ou contraires, qui seules sont constantes, et se balançant sans se nuire, animent l’Univers et en font un théâtre de scènes toujours nouvelles, et d’objets sans cesse renaissants».
[ HISTOIRE NATURELLE DES MINÉRAUX. Tome Second ]
2. J. M. William Turner (1775-1851)
les citations ci-dessous me parlent d'expression poétique, de communication spirituelle. Elles m'aident à mettre en place mes propres outils de partage altruiste par l'image peinte (ou, parfois, dessinée).
[.] Mélanger toutes les minuties dans la couleur ambiante, dorée et vaporeuse».
[.] Donner au néant de l'air une forme substantielle».
[.] Ô Seigneur, détourne le souci menaçant et ouvre-moi des perspectives radieuses.
3. August Strindberg (1849-1912)
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E. Lorenz |
« La formule de l'art à venir (et comme tout le reste à s'en aller !) : c'est d'imiter la nature à peu près : et surtout d'imiter la manière dont crée la nature. »
Il ne s'agit pas de dépeindre la vie, la nature, La création, mais bien de créer, de peindre comme la vie, la nature, l'auraient fait.
[ Du hasard dans la production artistique ( L’Echoppe 1892-4)]
4. Pierre Bonnard (1867-1947)
[.] L'homme qui siffle n'est pas toujours heureux.
[.] Il ne s'agit pas de peindre la vie, mais de rendre vivante la peinture.
[ Observations sur la peinture, éd. L'Atelier contemporain - (2015)]
5. Edward Lorenz (1917-2008)
Il découvrit, dès 1963, le principe fondateur de la théorie du chaos, à savoir que :
[.] une infime variation de paramètres à un moment donné peut faire varier énormément le résultat final. »
And now, the english version by Christina :
__ Technique- influence- etc. __
It is sometimes forgotten (alt) that before becoming an "enriching" recreation, painting was a profession that had to be learned from the beginning of adolescence for a period of ten to fifteen years. It was not a question of having anxieties linked to a deep self-esteem for a pictorial creation that would definitively mark the history of art, even more a turning point for humanity. No way. You mix your cement, you spoil your plaster and you manage to finish before it dries. Punto e basta!
Was it better, worse than today? This is not the purpose of this article. What I would like to examine is the fact that every painter, up to the Impressionists (not included), learned both the technique in general and the way of his master. It was only with this baggage that eventually particles of his personality could hatch, as long as his sponsor agrees to pay the bill for his possible stylistic excesses!
The end of the twentieth century saw the emergence of schools where one no longer learned the techniques of the painters in order to concentrate firstly on the development of creativity and new technologies (I simplify). Artists can therefore hardly accept the term "painters". They leave it to the guys of the building corporation. Their ego is satisfied with the term "plastic or visual artist".
For those who WANT to paint, against all odds, the specialized press will rush into the niche left vacant by art schools and publish magazines presenting some methods over months, years... Where are The masters, the mentors? Difficult to answer. Either one is satisfied with its inner richness, or he will see what the history of art (literary or audio-visual form) can offer as references.
End of the generally (boring) theory. Let us take a concrete case. At random: mine. Finally, we talk well only about what we know.
I had as principal virtual masters William Turner, Pierre Bonnard, August Strindberg, but also my pals of Chauvet and Lascaux. It certainly does not seem obvious when looking at my paintings and it's good: why do what has been done and well done?
In reality, it was by examining their respective pictorial evolutions, while being intimately acquainted with their biographies and personal writings, correspondences, etc., that I was able to make the connection between their person and their painting (deep structures, palettes, subject , techniques). A sort of pictorial graphology, so to speak. By proceeding by analogy I could begin to train myself.
I had to know myself better, while at the same time developing the foundations of my own technique; it had to correspond exactly to my temperament and the subjects I wished to approach.
It is evident that I do not imitate either Turner or Bonnard, any more than Strindberg or my prehistoric ancestors. God forbid. Their vital common point if any, is to behave as free electrons, which is also my case. The course of the "free electrons" will be studied by the Count of Buffon and later by Edward Lorenz. In short, the best thing now would be to give them the floor. This will avoid me making great redundant phrases, and will tell you what, in addition to the study of their work, greatly opened my mind and allowed me to walk on my own pictorial trajectory.
It will be short. I ignore the Bible, which conditions the everyday life whether one believes or not, through various judicial and social constitutions and systems. I will also omit Spinoza, for the link with art may at first appear to be questionable, if not improbable.
So here are some quotes from my work:
0. The painters of Chauvet, Lascaux, etc.
I will not make them the insult of pretending to have understood them. Who could? We owe them the introduction to the pictorial mystery [(alt) of the painted image].
1. Georges Louis Leclerc, Count of Buffon (1707-1788)
Quotation dating from 1783 showing that his vision of an ergodic and blending world was very close to that of Lorenz.
Everything takes place, because in the course of time everything is met, and in the free extension of spaces and in the continuous succession of motion, all matter is moved, every form given, every figure printed; Everything is brought together or withdrawn, everything unites or runs, everything combines or opposes each other, everything is produced or destroyed by relative or contrary forces, which alone are constant, and swinging without harming one another, Animate the Universe and make it a theater of ever new scenes, and objects that are constantly reviving. "
[NATURAL HISTORY OF MINERALS. Tome Second]
2. J. M. William Turner (1775-1851)
The quotations below speak to me of poetic expression, of spiritual communication. They help me to set up my own tools of altruistic sharing by the painted (or, sometimes, drawn) image.
[.] Mix all the minutiae into the ambient color, golden and vaporous ".
[.] Give to the nothingness of the air a substantial form ".
[.] O Lord, turn away the threatening concern and open me radiant perspectives.
3. August Strindberg (1849-1912)
"The formula of art to come (and like all the rest to go!) Is to imitate nature almost, and above all to imitate the way nature creates. "
It is not a question of depicting life, Nature, creation, but of creating, painting as life, Nature, would have done.
[Chance in artistic production (1892-4)]
4. Pierre Bonnard (1867-1947)
The man who whistles is not always happy.
[.] It is not a question of painting life, but of making the painting alive.
[Observations on painting - (2015)]
5. Edward Lorenz (1917-2008)
He discovered, as early as 1963, the founding principle of the theory of chaos, namely that:
[.] A tiny variation in the parameters at a given moment can make the final result vary enormously."