vendredi 18 décembre 2015

la matière psychopompe

Je travaille depuis quelque temps sur ce tableau    - invitation [lisière-edge] 02.
invitation lisière 02
J’ai le bonheur de peindre quelques heures chaque jour. C’est l’une de mes activités les plus équilibrantes. J’ai atteint hier ce moment très spécial où je sens que cette aventure particulière qu’est l’élaboration d’une image arrive à son second point culminant – l’interruption du processus créatif pour cause d’achèvement probable. Le troisième temps fort sera la transmission du tableau à un dépositaire.
Mais qu’en est-il du premier temps fort : celui où la concrétion de l’esprit est tellement puissante qu’elle met le peintre en route sur une nouvelle œuvre et l’accompagne durant tout le processus créatif ?
Hier, disais-je plus haut, je regardais mon travail lorsque l’évidence d’une réminiscence m’est apparue : tout un pan du tableau trouvait écho dans une œuvre que je connaissais bien, l’ayant vue à quelques reprises depuis une vingtaine d’années.
J.M.W. Turner
La déesse de la discorde
choisissant la pomme de contention
dans le jardin des Hespérides
exposé en 1806
Cela ne m’a pas choqué. Je sais que ma pensée a des racines culturelles. Je ne revendique aucune capacité divine de création « originale » dans le sens courant de « originel ». De plus, j’aime énormément Turner qui, lui aussi, s’inspirait ouvertement des courants artistiques auxquels il savait appartenir.
L’autre aspect, qui m’est apparu évident et intéressant, de mon image – maintenant que j’avais pris un peu de recul vis-à-vis d’elle –, est qu’elle se composait d’éléments qui faisaient partie de mes réflexions actuelles : menaces de daech et dérèglement climatique terrestre, ainsi que mes propres capacités d’action quant à ces deux problèmes.
« Arte » et « poiête » signifient en latin et grec « concrétiser, matérialiser, fabriquer ». L’artiste et le poète fabriquent, matérialisent et concrétisent. C’est leur essence, leur rôle, leur finalité. Mais sur quel motif ?
Je pense qu’il s’agit de se rendre complètement perméable à son existence propre et à son contexte vital, usant de toute ses sensibilités, et de les exprimer de manière à les transmettre intelligiblement au sens spirituel du terme. Il s’agit de s’adresser essentiellement à l’esprit de tout individu, à commencer par soi-même, pour animer son existence. L’esprit étant ce qui soutient l’individu dans son action.
Le psychopompe, selon la définition acceptable de Wikipédia, est l’être fantastique, mythique, qui conduit l’âme vers son ultime destination, quelle qu’elle soit.
Hormis l’aspect « ultime », sait-on jamais quelle sera notre dernière décision ? l'artiste-poète est bien celui qui, par l’énergie induite de son œuvre, conditionnera et animera le présent de celui qui la reçoit.
Ne serait-ce pas là une définition acceptable ? Je la préfère à celle qui voudrait qu’un artiste est celui qui vend ses œuvres (ce qui réduirait Vincent à n’être qu’un raté et élèverait Christie ou Sotheby au rang de génies artistiques. Rire.
Ceci étant posé, je me rends compte, intuitivement, qu’il y a une distance très courte entre un psychopompe et un propagandiste : l’intention. Le psychopompe agit en révélateur de la personne qui reçoit l’œuvre, puisqu’elle a besoin de son propre esprit pour « compléter » l’œuvre, lui donner un sens acceptable pour elle ; le propagandiste, quant à lui, cherche à enclore l’esprit dans une pensée unique, unifiée, selon les critères intéressés d’une tierce personne. Une toute petite nuance…
L’artiste pour éviter cet écueil doit donc s’adresser à lui, en une recherche intérieure. Son travail trouvera écho, ou non, selon qu’il sera en adéquation ou en décalage avec ses contemporains, ici, maintenant, ailleurs, plus tard.
C’est sans doute ce qui fait la véritable histoire de l’art.
Merci de votre attention.

Voici maintenant, pour nos amis anglophones, la version de Christina :
And here is the English version of Christina :

English Résumé

Title: The psychopomp (guide of souls) material
I work for some time on this picture -Invitation edge-edge 02.
invitation edge 02
I have the happiness to paint a few hours each day. It is one of my most balancing activities. I attained yesterday the very special time when I feel that this particular adventure, such as the development of an image, reaches its second climax – the interruption of the creative process because of probable completion. The third highlight will be the transmission of the painting to a custodian.
But what about the high point : where the concretion of the mind is so powerful that it sets the artist en route on a new composition and stimulates him during the entire creative process?
Yesterday, as I said earlier, I looked at my work when the evidence of a reminiscence appeared to me : an entire section of my picture was echoed in a work that I knew quite well, having seen it a few times over the last twenty year.
J.M.W. Turner 
The Goddess of Discord
Choosing the Apple of Contention
in the Garden of the Hesperides
exhibited 1806

I was not shocked. I know that my thoughts have cultural roots. I do not claim any divine capacity of "original" creation in the current meaning of "original". Again, I absolutely love Turner, who , too, was openly inspired by art movements which he knew to belong.
The other aspect, that became clear and interesting to me, of my image - now that I had taken some distance, is that it consisted of elements that were part of my current reflections : daech threats and terrestrial climate disruption, as well as my own (in)capacity for action facing both issues.
"Arte" and "poiête" mean in Latin and Greek "concretize, materialize, making". The artist and the poet manufacture, concretize and materialize. Its their essence, their role, their purpose. But on what grounds ?
I think one must render itself totally permeable to its own existence and vital context, using all his sensibilities, and expressing them in an intelligible and spiritual way. It is a question of addressing essentially to the mind of each human being, starting with oneself, to animate his existence. The spirit being what sustains the individual in his action.
The psychopomp, according to the acceptable definition of Wikipedia, is the fantastic, mythical being, which leads the soul to its ultimate destination, whatever that is.
Apart from the "ultimate" aspect, who knows what will be our last decision ? the artist-poet is the one who, through the induced energy of his work, will condition and animate the present of the one who will receive it.
Would this not be an acceptable definition ? I prefer it to the one pretending that the «real» artist is the one who sells his works (which would reduce Van Gogh to a looser and raise Christie or Sotheby the rank of artistic geniuses). Laugh.
That said, I realize, intuitively, that there is a very short distance between a psychopomp and propagandist : the intention. The psychopomp acts as revealer of the person receiving the work, since he needs his own mind to "complete" the work, give it an acceptable meaning; the propagandist, as for him, seeks to enclose the spirit in an unique thought, unified under the criteria of an interested third party. A tiny nuance...
The artist to avoid this pitfall must address him in an inner search. His work will resonate, or not, wherever it will be compatible or alien to the mindset of his contemporaries, here, now, elsewhere, later.
This is probably what makes the true history of art.
Thanks for your attention.

samedi 5 décembre 2015

Logique et bio

Produire des œufs au XXIe siècle est-il plus ou moins naturel que de fabriquer du méthylcellulose à partir de sciure de bois ?
Utiliser une tempera à l’œuf - lorsqu’on n’a pas de poule pondeuse - est-il plus biologique que de faire une tempera au méthylcellulose ?
La réponse est devenue si peu évidente que j’en viens presque à espérer que les essais au méthylcellulose fonctionneront au moins suffisamment bien pour que je puisse encoller mes bleus et mes blancs avec lui plutôt qu’au jaune d’œuf (qui altère toujours légèrement la couleur).
Autre problème. Lorsque l’on travaille a la tempera, il arrive qu’il soit nécessaire d’obtenir une couche irréversible, autrement dit insoluble à l’eau. Pour ce faire, on recommande habituellement un ajout de vernis Dammar. Sachant qu’il était produit en monoculture intensive, je m’étais toujours abstenu de l’utiliser.
gomme de prunus, Capaplex, résine Dammar
Mais puisqu’il existe désormais en culture “responsable”, alors je me ferai une joie d’y avoir recours, au vu des réelles difficultés liées à l’obtention et à l’utilisation de la gomme de prunus, qui demande de toute façon un traitement chimique pour devenir insoluble (albumine + formol, ev. alcool).
Enfin, il existe depuis des décennies un liant vinylique, utilisable en phase aqueuse, et qui devient irréversible après séchage : Caparol et Capaplex.
Pourquoi pas ?
Je décide de faire l’essai : je me procure de la résine Dammar, du méthylcellulose, et également du Capaplex, qui est (en gros) du Caparol dilué, protégé par des agents bactéricides (le Caparol est aussi sensible que le jaune d’œuf !).

En utilisant judicieusement ces trois produits, je devrais réussir à obtenir des couches faciles à travailler et des couleurs proches des pigments que j’utilise.

méthylcellulose : mélange à la main et au batteur électrique
Le méthylcellulose semble peu évident à mettre en œuvre : il absorbe jusqu’à 25x son volume d’eau et ceci très rapidement ! Il faut donc trouver le meilleur moyen de mélanger la poudre et l’eau… mais il semble qu’un peu de patience sera la solution (il est recommandé de laisser reposer la préparation quelques heures avant l’emploi).
Quant à la résine Dammar, les recettes ne manquent pas. J’utiliserai l’essence de thérébentine à 2 volumes pour 1 de résine broyée, ce qui permettra une utilisation la plus large possible (additif et vernis).
Voilà, c’est tout pour ce petit article purement technique cette fois-ci !

 Et voici la version anglaise de Christina :
And here is the English version of Christina :

English Résumé

Producing eggs in the twenty-first century is it more or less natural than manufacturing methylcellulose from sawdust?
Using egg tempera – when one does not raise hens- is it more biological than making a tempera using methylcellulose ?
The answer is so unreliable, I almost came to the hope that the test with the methylcellulose will function at least well enough for me to glue my blue and my white with it rather than with the egg yolk (which still produces slight change of colors).
Another problem. When working with tempera, it is sometimes necessary to acquire an irreversible layer, insoluble in water. To do this, an addition of dammar varnish is usually recommended. Knowing it was produced in intensive monoculture, I always refrained from using it. But since it is now obtainable in "responsible" culture, I'd be happy to recourse to it in view of all the difficulties associated with the obtention and use of gum prunus, which requires anyway a chemical treatment in order to become insoluble (albumin + formalin, ev. alcohol).
Thus, for decades, a vinylique binder does exist which is used during the aqueous phase, and becomes irreversible after drying : Caparol and Capaplex.
Why not ?
I decide to experiment it : I acquire some dammar resin, some methyl cellulose, as well as some Capaplex, which is basically the Caparol diluted and protected by bactericidal agents (the Caparol being as sensitive as egg yolk !).

By efficiently working these three products, I should get layers easy to work with and colors close to the pigments I use.

Methylcellulose does not seems obvious to implement: it absorbs up to 25x its volume of water and this very quickly !  I must find the best way to mix the powder and the water… but it soon appear that a little patience will be the solution (it is recommended to leave the preparation to stand a few hours before use).
As for the dammar resin, recipes abound. I will use turpentine for 1 to 2 volumes of ground resin, allowing the widest possible use (additive and varnish).
There, that's it for this small article purely technical this time !

dimanche 29 novembre 2015

Simple et libre

La seule vraie difficulté en peinture est d’être simplement libre et librement simple.
Miroir  tempera sur papier 32x20cm
Ce n’est pas un jeu de mots.
 Je veux juste dire que parmi le fouillis indescriptible de tous les conditionnements que j’ai acquis au long de mon existence, trouver un chemin de liberté est une vraie difficulté. Ma liberté est difficile à définir.
 D’autre part, faire vœu de simplicité est une bien belle direction à prendre pour cheminer. Mais si, d’aventure, je ressens un besoin de faire de la dentelle, pourquoi devrais-je m’en priver ?
 L’expression artistique demeure pour moi une tentative d’expression, de communication et d’esthétique. Cela implique de pouvoir évoluer dans un contexte libre, peut-être simple, en tous les cas et surtout serein.
 C’est ainsi que pour pouvoir faire le point sur mes outils d’expression, l’autoportrait demeure pour moi le véritable exercice d’authenticité :
  • modèle toujours disponible
  • modèle indifférent à toute considération narcissique
  • peintre libre de prendre son temps et de jouer avec son tableau.

kiss  [Keep It Simple & Short]

​Pour nos amis anglophones, une libre et simple et excellente traduction de Christina.
For our English speaking friends, a free, easy and excellent translation from Christina.
Au commencement ...

English résumé

The only real difficulty in painting is to just be simply free and freely simple.
This is no wordplay.
 I just want to say that among the indescribable jumble of all the conditioning that I have acquired throughout my existence, finding a free path is a real problem. My freedom is difficult to define.
 On the other hand, making vow of simplicity is a beautiful way of wandering. But if, by chance, I feel a need to privilege subtlety, why should I do without it?
 Artistic exteriorisation remains for me an attempt of expression, communication and aesthetics demonstration. This implies to evolve in a free context, perhaps simple, in any cases and above all serene.
 Thus, in order to be able to update my means of expression, self-portrait remains for me the true exercise of authenticity:
  • The model (me) is always available
  • This particular model (me) remains free from any narcissistic consideration
  • The artist (me) is welcome to take his time and play with his own production.
kiss [Keep It Simple & Short]

mardi 24 novembre 2015

Jamais plus jamais

Voici pour clore ma réflexion – évaluation de mes rapports avec le dessin et la peinture.
La laitière [the milkmaid]
graphite sur papier, 28x21cm
Dans cet exemple de la laitière, les nuances entre un dessin très plein (relativement peu graphique) et une peinture tout en rapport de surfaces sont évidentes. Si le sujet semble le même, la différence des traitements picturaux leur donne à chacun un état d’esprit radicalement différent. On peut d’ailleurs préférer l’un ou l’autre selon sa propre humeur ou selon l’usage que l’on désire en faire. On peut aussi les présenter en complément l’un de l’autre – en pendant, le dynamisme et la “rusticité”du dessin offrant son énergie vitale à la douceur presque nostalgique.
Quant à l’artiste, si j’ai eu du plaisir lors des deux réalisations, j’admets mieux me reconnaître dans la version au graphite que dans celle à la tempera. J’ai traité le dessin comme une peinture, utilisant des blocs plutôt que des crayons, mais surtout, j’ai pu y déployer mon énergie avec une plus grande spontanéité. Pourquoi ? Je l’ignore. C’est un simple constat.
Ce qui me paraît de plus en plus avéré, c’est qu’une image m’apparaît de plus en plus pour elle-même, hors de toute considération technique ou stylistique.
Dessin ou peinture ? Qu’importe, il faut que ça sorte, que le plaisir l’emporte !  « kiss »

Pour nos amis anglophones, voici la version de Christina :

English Résumé

Never Say Never
Here is to end my reflection – an evaluation of my relationship between drawing and painting.
La laitière [the milkmaid]
tempera sur Arches, 41x31cm [egg tempera]
In this example of the milkmaid, shades between a plain drawing (with relatively few graphism) and a painting all in surfaces reports are obvious. If the subject seems the same, the difference of the pictorial treatment gives each one of them a radically different mindset. One can however prefer one or the other, according to one’s mood or to the wished use. One can also present each one of them as a complement to the other – vis-à-vis, the dynamism and the "rusticity" of the design offering its vital energy to the almost nostalgic sweetness.
As for the artist, if I had fun at both achievements, I must admit that I recognise myself better in the graphite version than the tempera one. I treated the drawing as a painting, using blocks instead of pencils, but most of all, I was able to deploy my energy with greater spontaneity. What for ? I don’t know. It’s a simple fact.
What seems increasingly proved is that a picture appears to me more and more as herself, outside of any technical or stylistic consideration.
Drawing or painting ? Whatever… just make sure that the fun wins !  "kiss"

samedi 14 novembre 2015

Peindre ou faire la guerre

Prologue – Peindre ou faire la guerre

« miroir 02 »
tempera à l'oeuf sur papier
egg tempera on paper
31x20.5cm
J’allais publier mon article lorsque j’apprends, qu’à nouveau, des états armés se font la guerre par victime civiles interposées. Les marchands d’armes et autres profiteurs de conflits commencent à y croire, leurs beaux jours se dessinent de plus en plus précisément à l’horizon.
Je suis pris d’une insidieuse contagion celle de la violence. La tentation de la violence. C’est ma nature -humaine-.
Heureusement, mon système immunitaire mental réagit à merveille et, peu à peu, je retrouve mon esprit constructif -humain lui aussi- qui me permettra d’agir à ma façon. Ceci même si mon attitude paraît dérisoire en comparaison de ce que vivent les victimes de toute horreur.
(suite de cette réflexion en fin d’article)

Voici donc.

Peindre-dessiner : l'état d’esprit en actes

    peindre – dessiner
    montrer – dire
    teindre – délimiter
    tacher – ligner
    poser un accord – tracer une mélodie
Les attitudes suivantes sont nécessaires aux deux spécialités :
Contempler – analyser – reproduire sa « petite » (Cézanne) sensation.
Peindre serait une attitude plutôt démonstrative, alors que dessiner serait une attitude plus discursive, plus intellectuelle. Tout ceci me semble très réducteur.
Chercher à peindre–dessiner revient pour moi à vouloir utiliser l’ensemble des potentiels du cerveau au service d’une expression artistique visuelle graphique. Simplement.
projet -esquisse
L’outil n’est pas le pinceau ni le crayon, mais bien l’intention, la lumière, la couleur et l’acte de les poser sur la surface picturale. C’est donc bel et bien la touche, les intentions qui la motivent et l’énergie qui l’anime qui font l’œuvre d’art. La touche qui se fait incisive ou caressante, précise et fine, ou large voix fondue, discursive ou passive, allusive ou rêveuse…
(En ce sens, l’art japonais du sumi-e est une forme de dessin–peinture)
On a souvent dit que le dessin permet d’entrer dans l’intimité du peintre. Admettons, mais alors que dire de la peinture de Bonnard, qui d’ailleurs reposait fermement sur ses nombreux dessins préparatoires. Que dire aussi des bozzetti et modelli de Rubens (ses diverses esquisses à l’huile) ?
De plus, l’artiste ne suffit pas à la production artistique. Je veux dire qu’il n’y a pas que le « faiseur » (poète, en grec). De l’autre côté de l’œuvre se trouve le récepteur. Spectateur (quelquefois propriétaire) outillé de sa sensibilité, de son regard, de son état d’esprit forgé par tout ce qui a fait qu’il est présent devant une image qui va réellement influencer son existence, positivement ou non. Sa vision lui appartient en propre. Sa part artistique est aussi importante que celle du poète visuel.
ébauche couleur
D’aucun diraient que ce sont les critiques, les mécènes et le marché qui font l’art, mais ce n’est vrai que depuis Masaccio et la Renaissance. Ils ne font d’ailleurs pas l’art, mais la renommée et l’oubli des “artistes”… qui se portaient probablement mieux lorsqu’ils étaient artisans, itinérants ou établis.

Epilogue – Rendre son esprit disponible à la beauté plutôt qu’à l’horreur.

Notre culture de masse – cinéma, télévision, etc. – nous abreuve de situations où une logique concurrentielle, agressive, violente est la norme. Les personnages se débattent dans un monde et une société d’humains au mieux indifférents, au pire hostiles.
De ce fait, le cerveau des spectateurs devient de plus en plus capable d’accueillir une telle réalité et, sans même la provoquer, peut la considérer le cas échéant comme « normale ». En effet, il se passe au niveau du fonctionnement cérébral la même chose qu’avec les phénomènes publicitaires. Nous n’avons pas besoin d’un produit, encore moins d’une marque. Mais le jour où la question se posera, on se dirigera automatiquement vers les produits et les marques déjà vues ou entendues, car elle sont tout bonnement familières à nos circuits neuronaux et leur évitent ainsi une analyse coûteuse en énergie.

fin ébauche couleur
Je suis un humain, faiseur d’images. Mon cerveau d’humain a besoin d’explications, de causes, d’effets. Comprendre. Je n’ai aucune théorie pour permettre à mon cerveau… perfectible, de comprendre vraiment tout cela. Je crois qu’un principe vital universel est à l’œuvre, au sens large. Mon expérience me montre que je ne vais bien qu’en état d’harmonie, qui elle-même se nourrit de ce que l’on nomme au sens large l’amour, la bonté ou parfois, la beauté. Voilà pourquoi je veux continuer à tout prix à proposer des images dont le contenu – au minimum esthétique – prédispose à les accueillir : la voie de la beauté.

Ce faisant, je ne suis pas un grand innovateur. Lors des deux dernières guerres mondiales (je veux dire la 1 et la 2) Bonnard n’agissait pas autrement, par exemple. Avant cela, Rubens a choisi de magnifier l’humain en général, ses épouses successives et ses enfants en particulier, ce qui lui permettait de croire mieux que de survivre, dans un siècle où les horreurs et la peste n’épargnaient ni sa contrée, ni sa famille. Il œuvrait aussi en tant que diplomate – son statut le lui imposait – mais il ne s’engageait qu’en faveur de la paix. Les exemples de peintres résolument positifs, parfois activistes, ont été nombreux dans l’histoire de l’art. C’est tant mieux.
corps de peinture

J’en ai assez dit. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais pour ma part, je suis convaincu.
Allez… Salut les artistes !

Et bonjour les artistes anglophones. Traduction par Christina :

English Résumé


Prologue – To paint or make war

I was going to publish my article when I heard that, again, armed states make war by interposed civilian victims. Arm dealers and other war profiteers act as if they believe that their heydays emerge more and more precisely on the horizon.
I briefly suffered from an insidious contagion… that of violence. The temptation of violence. This is my nature – human –.
Fortunately, my immune system reacted well and, step by step, I found again my – human too – constructive mind that will allow me to act my way. This, even if my attitude seems pales in comparison to the experiences of victims of any horror. (This discussion will continue at the end of this article).

So here's.
reprise des clartés

Paint – draw: the state of mind in action

    paint – draw
    show – say
    dye – delineate
    stain – Line
    ask an agreement – draw a melody
The following attitudes are necessary to both specialties :
Contemplate - analyze - reproduce the "small" (Cézanne) sensation.
To paint is an attitude rather demonstrative, while to draw is an attitude more discursive, more intellectual. All this seems very reducer.
Seeking to paint or draw means to me using all the potential of the brain in the service of a graphic visual artistic expression. Simply.
The tool is not the paintbrush or the pencil, but the motive, the light, the color and the act of placing them on the pictorial surface. It is indeed the touch, the underlying intentions and the driven energy which form the work of art. The touch that is caressing or incisive, precise and fine, or ample melted voice, discursive or passive, allusive or dreamy…
seconde reprise couleur
(In this sense, the Japanese art of sumi-e is a form of drawing and painting)
It was often said that the drawing allows you to enter into the intimacy of the painter. I recognize that, but then what about the paintings by Bonnard, who are also firmly based on his numerous preparatory drawings. And then, what is to say about the bozzetti and modelli of Rubens (his various oil sketches)?
Most of all, the artist does not suffice to the artistic production. I mean there is not only the "doer" (poet, in Greek). On the other side of the artpiece is the receiver. Onlooker (sometimes owner) equipped with his sensitivity, his vision, his state of spirit wrought by everything that has brought him before an image that will really influence his existence, positively or not. His vision belongs to him. His artistic hand is as important as that of the visual poet.
Some would say that it is the critics, sponsor and the art market that « make » art, but this is true only since Masaccio and the Renaissance. In fact, they dont « do » the art but only the fame or the oblivion of “artists”… which were probably better of when they were only artisans, itinerant or established.
travail achevé
«
 miroir 02 »
tempera à l'oeuf sur papier
egg tempera on paper
31x20.5cm

Epilogue – To make one’s mind available to beauty rather than horror.

Our mass culture – movies, TV, etc. – inundates us with situations where a logic of competition, aggressiveness and violence is the norm. The characters struggle into a world and a human society at best indifferent, at worst hostile.
Therefore, the brain of the spectator becomes more and more able to accept such norms and, even without inducing them, may consider them as "normal". Indeed, it happens at the level of brain function the same things as with the advertising phenomenon. We do not need a product, m
uch less a brand. But when the question will arise, it will automatically direct us towards the products and brands already seen or heard of, as they are simply familiar to our neuronal circuits and prevent them from an expensive loss of analysis energy.

vérification des valeurs
verification of values
I am a human, images maker. My human brain needs explanations, causes, effects. Understanding. I have no theory to allow my brain… perfectible, to really understand it all. I believe that a universal vital principle is at work, at large. My experience shows me that I feel well only in a state of harmony, which feeds itself with what is called, in the broad sense, love, kindness or sometimes beauty. That's why I want to continue, at any cost, to provide images whose content – at least aesthetically – predisposes to welcome : the way of beauty.

In doing so, I am not a great innovator. During the two world wars (I mean the 1 and 2) Bonnard did not act otherwise, for example. Before that, Rubens has chosen to magnify the human in general, his wives and children in particular, which allowed him to think better than to survive in an age when the horrors and plague spared neither his country nor his family. He also was working as a diplomat – his status obliged him to – but he only pledged in favor of peace.
Examples of painters resolutely positive, sometimes activists, have been multiple in the history of art. So much the better.

I've said enough. I don’t know how it is for you, but as far as I am concerned, I am convinced.
Come on… hello artists !

lundi 9 novembre 2015

La fille d'à côté productions



Comme annoncé la semaine dernière, voici dès aujourd'hui sur les fils du web les deux livres écrits par Christina et illustrés par moi-même.

Téléchargement libre (pdf)
free pdf download
voir les 17 illustrations
see 17 illustrations




Vous en reprendrez bien un peu est un recueil de textes courts illustrés. Christina revient sans concession, mais avec tout le sel de son humour sur des événements parfois improbables de sa riche existence ; elle m'a invité à compléter ses histoires de quelques illustrations. Pour cette série, les images adoptent le ton du sourire poétique.




Téléchargement libre (pdf)
free pdf download
voir les 34 illustrations
see 34 illustrations

Comme si le soleil brillait partout se présente sous forme de textes "nouvellisants". Vous la retrouvez, enceinte, avec d'un bébé de 18 mois et d'un mari qui voit ses capacités de travail se réduire brutalement. Cerise sur le gâteau, tout ce petit monde évolue dans un vieux chalet des Alpes suisses.

Christina raconte au plus près de sa sensibilité et avec humour les découvertes qu'elle y a faites sur les richesses et les limites de son environnement et d'elle-même. Cette fois encore elle m'a gentiment offert la partition visuelle de son ouvrage, ajoutant du même coup une seconde voix à son chant intime.


Vous trouverez une autre présentation de Christina et des 2 ouvrages sur cette page. Le téléchargement libre et gratuit y est également possible.
Pour conclure, tout en rebondissant sur l'article précédent, je ne peux que vous inviter à jouer le jeu et à télécharger ces 2 ouvrages pour comparer l'expérience de leur lecture avec l'expérience de la seule vision des illustrations, pour elle-même. Vous pourrez alors constater, d'une part comment votre propre imaginaire complète les images, mais aussi comment le texte et son image forme un couple authentique, plus évocateur que l'image ou le texte seul.
Bien que les ouvrages soient en français, voici une traduction de l'article pour nos amis anglophones. Aujourd'hui encore, c'est Christina qui peaufine la version anglaise. Merci à elle.

English Résumé

Although the books are in French,  here is a translation of the article for our English speaking friends. Today, it’s Christina again who refines the English version. Thank’s to her.

The girl next door productions

As announced last week,you will find today on the web the two books written
by Christina web and illustrated by myself.

Won’t you have some more ? is a collection of illustrated short stories. Christina returns without compromise, but with all the salt of his humor, uncertain, sometimes improbables events offer rich existence ; she invited me to complete her texts with a few illustrations. For this serie, the images adopt the tone of a poetic smile.

As if the sun was shining everywhere appears under the form of texts « newellisants ». Finding herself pregnant, with an 18 months old baby and a new husband who sees his working habilities cruelly reduced. Top on the cake... this little world is evolving in a very old chalet lost in the Swiss Alps.
Christina relates, to the nearest of her sensitivity and humor, the discoveries that she made concerning the wealth and most of all the limits of her environment and especially herself.
Again she kindly offered me the visual partition of her work, adding at the same time a second voice to her inner song.

You will find another presentation of Christina’s 2 books on this page. The free download is also available.

To conclude, while bouncing on the previous article, I can only invite you to play the game by downloading these 2 items and compare the experience of reading them with the experience of the sole vision of the illustrations for themselves. You will then see, at first how your own imagination completes the images, but also how the text and its images forms a genuine couple more evocative than the image or text alone.
Here are again the links towards the 2 albums of illustrations only :


see 17 illustrations
see 34 illustrations















And as always, thanks for reading and watching.

samedi 7 novembre 2015

illustration ou peinture ?

Un débat parfois très intolérant oppose les peintres et les critiques : la peinture peut-elle "dire" quelque chose ?
Eugene de Blaas: The friendly gossip
(source wikimedia)
Pour beaucoup, le seul sujet admissible en peinture est la peinture elle-même.
Si un peintre "raconte", on dit avec mépris que sa toile bavarde.
C'est surtout vrai depuis l'époque de l'art moderne.

Bref, si je me suis absenté de ce blog ces dernières semaines, c'est d'une part pour essayer d'affiner une méthode picturale d'expression (cliquez pour entrevoir mon chevalet), mais aussi parce que j'ai eu le plaisir d'illustrer un livre écrit par Christina (oui, celle-là même qui traduit ces articles pour les lecteurs anglophones).
Le sujet d'aujourd'hui est donc bien fondé.
Socrate, ses deux épouses et Alcibiadepar Reyer Jacobsz van Blommendael, peinture sur toile, 210 x 198 cm, xviie siècle, musée des beaux-arts de Strasbourg.
(source wikipedia)
L'illustration est une création picturale aussitôt qu'elle cherche à offrir une seconde partition à l'oeuvre écrite. L'artiste, en effet, pourrait se borner à "dire en image" ce qui est écrit en mots. On pourrait alors qualifier les images de bavardages. Mais si le peintre-illustrateur offre une vision personnelle et cohérente de sa lecture du texte (dans un esprit poétique, ou satirique, ou polémique, etc.) alors les illustrations ne parlent plus. Elles parfument le texte.
Dans ce cas, l'illustrateur, peintre, dessinateur ou graveur opère légitimement dans le domaine de l'art.

Vous trouverez prochainement dans ce blog des liens vous permettant de télécharger gratuitement les deux ouvrages écrits par Christina, illustrés par mes soins. Je vous les présenterai plus en détail le moment venu.


Pour vous permettre de patienter, permettez-moi de vous offrir dès maintenant une petite promenade temporelle, que vous pouvez consulter - télécharger par ce lien .
Ce document  pdf - 1 couverture couleur et 6 pages noir/blanc - est bien sûr libre de droits.
Cooooopy right  ---   Cooooopie bien
Voici la traduction de ce qui précède pour nos amis anglophones.
And now for our English friends :

English Résumé
A sometimes very intolerant debate opposes painters and critics: may the painting "say" something?
First image >> Eugene de Blaas : The friendly gossip (source wikimedia)

For many, the only eligible subject in painting is the painting itself.
If a painter « relates », it is said despisingly that his canvas is jabber.
This is especially true from the emergence of modern art.


In short, if I was absent from this blog those recent weeks, it was at first because I tried to refine a pictorial expression method (click to glimpse my easel), but also because I have had the pleasure to illustrate a book edited by Christina (yes, the very one who translates these items for my English readers). Today's topic is therefore well founded.
Second image >> Socrates, his two wives and Alcibiade by Reyer Jacobsz van Blommendael, painting on canvas, 210 x 198 cm, seventeenth century, Museum of Fine Arts of Strasbourg. (source wikipedia)


The illustration is a pictorial creation as soon as it seeks to provide a second partition to the written work. The artist, in fact, could simply « tell in images » what is written in words. One could then qualify those images as chatter. But, if the painter-illustrator offers a personal and coherent vision of his reading of the text (in a poetic mind, or satirical or polemical, etc.), then the illustrations no longer speak. They « perfume » the text. In this case, illustrator, painter, draftsman and engraver legitimately operate in the field of art.


You will soon find in this blog some links allowing you to download two books written by Christina, illustrated by me. I shall introduce them with more detail in due course.
In the meantime, let me offer you, hereafter, an humble temporal perambulation. You may watch-download it  using this link or this thumbnail.
This document - 1 color cover followed by 6 black/white pages – is, of course, free of rights.
Cooooopy right  ---   Cooooopie bien

mardi 13 octobre 2015

double-portrait

Deux portraits.

montage de deux portraits

La même personne. 
Eclairage naturel, cheveux libres ; éclairage électrique, cheveux noués.
Chevelure vivante ; masse sombre.
Traitement affiné ; touches chaotiques.
Le résultat final doit être vivant, que l'on regarde les visages représentés, les visages montrés, l'image présente (la peinture).







Si la structure est dynamique, on peut se permettre un traitement mesuré ; si la peinture est vibrante, la sensation de vie devient agitation.




















Si la structure est stable, on peut se permettre des touches plus libres - même chaotiques, sous peine de figer la vision, d'éteindre l'étincelle vivante.












Les couleurs de la triade dite primaire (jaune - rouge - bleu) encore dynamisée par le jeu des complémentaires (bleus - ocres orangés) procure la sensation immédiate de vivacité. Comme une tonalité majeure en musique.

La luminosité générale du tableau de jour est très sombre (des valeurs  de 40 à 90%) permettent des rehauts lumineux presque à 100% (bordure de la chevelure est quelques saillies du visage). Ce choix permet d'évoquer l'expérience du modèle, tempérant une vivacité forte, évoquée par la structure générale dynamique.










La luminosité générale du tableau du soir est paradoxalement assez claire (de 10 à 60%) tempérée par le contre-jour utilisé pour traîter le modèle. Un choix qui permet d'évoquer une maturité somme toute chaleureuse, parfois contrastée.

Les couleurs de la triade secondaire (orange - vert - violet), sans contraste complémentaire, procure la sensation d'apaisement ; la dominate chaude et ses teintes éclaircies permet d'assurer l'impression de quiétude. Si la préférence avait été donnée au violet, on aurait vu une mélancolie apparaître. C'est la tonalité dite mineure en musique.




Ces deux portraits évoquent la même personne, en utilisant des options suffisamment diverses pour permettre d'offrir un dyptique respectueux du modèle.
Elle mérite d'autant mieux ce respect et cette considération qu'elle m'offrit un total de trois heures et demie de pose (210 longues minutes) réparties en sept sessions de vingt à quarante minutes. C'est énorme et difficile à supporter pour un modèle qui n'est pas professionnel !
C'est peu pour garantir une ressemblance «photographique» mais cela permet une très bonne approche de la représentation de l'état d'esprit de la personne, tel qu'il est confié au peintre.

Diptyque d'un jour et d'un soir
NB :  Ces deux peintures sont des tempera à l'oeuf, sur papier de 41x31cm chacune.

And now, the english version by Christina..

Two portraits.

 (First picture : Mounting of two portraits)
Same person.
Natural lighting, free hair; electric lighting, knotted hair.
Living hair; dark mass.
Refined treatment; chaotic keys.
The final result must be lively, that we look at the represented faces, the faces shown, the present image (painting).

If the structure is dynamic, we can afford a measured treatment; if the paint is vibrant, the sensation of life becomes one of restlessness.
If the structure is stable, we can afford more free keys - even chaotic, under penalty of freezing the vision, turning off the lively’ spark.

The colors of the so-called primary triad (yellow - red - blue) still driven by the interplay of complementary ones (blue - orange ocher) provides an immediate feeling of liveliness. As a major key in music.

The overall brightness of the day picture is very dark. Values from 40 up to 90% allow bright highlights up to almost 100% (the edge of the hair and some facial projections). This choice permit to evoke the experience of the model, tempering a strong vitality, referred to by the general dynamic structure.

The overall brightness of the evening picture is paradoxically pretty clear. About 10-60%, tempered by the light used to treat the model. A choice that evokes a mature altogether warm, sometimes mixed, personnality.

The colors of the secondary triad (orange - green - violet) without additional contrast provides the soothing feeling; dominated by the warm and sunny colors, ensures a quiet printing. If the preference was given to purple, we would have seen some melancholy appear. This is the so-called minor tonality in music.

These two portraits evoke the same person, however using a large enough variety of options allowing a diptych respectful of the model.

She deserves all the more respect and consideration that she offered me a total of three and a half hour of pose (210 minutes long) in seven sessions fromtwenty to forty minutes. This was huge and difficult to bear for an amateur model !

It's still short to ensure a "photographic" likeness but it does allow a very good approach of the state of mind of the person, as entrusted to the painter.

(Last picture : Diptych day and night)

NB : These two paintings are egg tempera on paper 41x31cm each.

mardi 22 septembre 2015

Chaos II

Rappel


Lors du précédent article, nous avons réabordé le sujet du Chaos et de sa représentation. Le résultat de la première étude montrait la juxtaposition de deux zones clairement distinctes (structure du tableau = composition structurelle), de par leur coloration (chaude et froide) et leur structure interne liée à leur texture respectives, l'une très définie par des verticales et des horizontales, l'autre par un traitement plus organique, directement inspirée par les formes générales d'un arbre.
Le motif qui inspirait cette image était d'ailleurs un massif de bouleaux devant un grand immeuble locatif.

Et maintenant

Pour l'étude d'aujourd'hui, le but est d'arriver à représenter une structure purement chaotique. Le résultat propose une image assez organique. La grosse difficulté pour représenter un tel sujet est justement l'absence d'une structure, de repères reconnaissables. Pourtant, ici également je me suis inspiré d'un motif réel, naturel. Afin de le rendre peu identifiable, j'ai utilisé d'autres couleurs que celles du sujet.
Je présente le résultat final d'abord. Les études préalables viennent ensuite. De cette façon, chacun aura le loisir d'essayer de deviner ce que peut bien être la source première du tableau.
NB : cette peinture a tempera sur papier (30x40cm) sera marouflée ultérieurement sur un support rigide. Des taches de feuilles d'or y seront alors ajoutées afin de le parachever. Les emplacements des dorures sont déterminées par les éclats d'une sous-couche altérée, dont les traces en creux demeurent apparentes à travers les couches supérieures. C'est donc bien un déterminisme chaotique qui propose les endroits dorés, ce qui ajoute encore au vrai thème de cette peinture : le chaos.

Invitation 03, étape finale (avant dorure)

Invitation 03, étape 3

Invitation 03, étape 2

Invitation 03, étape 1

English Résumé

Recall

In the previous article we re­addressed the subject of Chaos and its representation. The result of the first study showing the juxtaposition of two zones clearly distinct (= structural composition of the table structure), by their color (hot and cold) and internal structure related to their respective texture, one of them very defined by verticals and horizontals and the other by a more organic treatment, directly inspired by the general shape of a tree. The reason that inspired this image was also a clump of birches in front of a large apartment building.

And now

For today’ study, the goal is to represent a purely chaotic structure. The result offers a fairly organic image. The big difficulty to represent such a subject is precisely the absence of structure and recognizable landmarks. Yet here again I was inspired by a real, natural topic. To make it less identifiable, I used other colors than those of the subject.
I am presenting the final results at first. Preliminary studies will come afterwards. This way, everyone will have the opportunity to guess what may well be the first source of the picture.
NB : this painting in tempera on paper (30x40cm) will later be laid on a rigid support. Gold leaf spots will then be added to finalization. The gilding locations are determined by the shrapnel from an altered undercoat whose hollow traces remain exposed through the upper layers. It is therefore a chaotic determinism which offers golden locations, which adds to the real theme of this painting : chaos.

dimanche 6 septembre 2015

Chaos (I)

Je suis intéressé par le chaos, dans le sens scientifique et artistique du terme. Le chaos social m'inspire peu, alors qu'autrement, il est pour moi l'une des conditions indispensable à la vie, à l'évolution.
Lors d'un article précédent(lien), je m'étais appliqué à essayer de représenter une texture chaotique.
Fort de cette expérience, j'avais utilisé les bénéfices de cet apprentissage pour la représentation de la chevelure dans le portrait intitulé Nefertitine. On peut relire tous les articles concernant le  "chaos".
Je désire aujourd'hui prendre note d'un nouveau volet de cette recherche.
L'année passée, nous avons séjourné quelques jours dans une ville Suisse, afin d'observer la cohabitation des arbres et des humains, ces derniers étant représentés par les immeubles d'habitation. J'ai pris environ 300 photographies pour soutenir ma mémoire.
Comme toujours, j’ai fait quelques études au crayon pour élaborer la structure de l'image à naître.



















J'ai également posé l'étude préalable de l'harmonie colorée. Dans ce cas, j'ai choisi de répartir les tons froids au premier plan, laissant les lumières chaudes pour l'arrière-plan. Loin de la provocation gratuite, je profite, au contraire, de mettre en valeur la belle fraîcheur offerte par les végétaux dans un milieu urbain surchauffé par la canicule.
Etude couleur

Voici un état intermédiare du tableau final :
Etape intermédiaire

On peut voir le travail achevé à la tempera sur papier (30x40cm) :
Invitation, 6 septembre 2015

Je proposerai dans le prochain article un travail où le chaos sera présenté pour lui-même, sans élément contrastant (ici le fond jaune structuré de verticales et horizontales) pour le mettre en valeur.

English traduction, by Christina :

Chaos

I am interested in chaos, in the scientific and artistic ways.
Social chaos does not inspire me,whereas otherwise (scientific and artistic) are for me the essential conditions of life and evolution.
In a previous article (link), I applied myself to represent a chaotic texture.
Taking advantage of this experience, I used its benefits for the representation of the hair in the portrait titled Nefertitine. We can read all the articles about the "chaos".
Today I wish to add a new component to this research.
Last year, we stayed a few days in a Swiss city to observe the coexistence of trees and humans, the latest represented by residential buildings. I took about 300 pictures to assist my memory.
As always, I did some studies in pencil to draw the structure of the image yet unborn.
Please, see the graphite sketches, the two first images.
I also laid the preliminary study of the color harmony. In this case, I chose to spread the cool tones in the foreground, leaving the hot lights in the background. Far from being free provocation, I took advantage, on the contrary, to express the wonderful freshness offered by theses plants in an urban environment warmed up by a heat wave.
Please, see : Etude couleur
Here is an intermediate state of the painting :
Please, see : Etat intermédiaire
We can see the work completed with egg-tempera on paper :
Please, see :  Invitation, September 6, 2015
I will present in the next article a work where chaos will be presented for himself, without contrasting element (here the yellow background structured with vertical and horizontal lines) for the showcase.