Affichage des articles dont le libellé est annotation visuelle. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est annotation visuelle. Afficher tous les articles

lundi 13 mars 2017

Rayons ou rayonnement ?

L'être ou le principe. Synonymes ?
C'est parfois une difficulté pour moi de bien discerner ce que, vraiment, je veux peindre. Il s'agit d'un véritable processus de conscientisation.
Je rappelle rapidement que la peinture elle-même peut, par la dynamique des touches par exemple, restituer l'idée de vie (cf les articles précédents #chaos). La composition et l'usage de contrastes en sont d'autres.

Mais cela suffit-il ? 
Invitation lisière - borde - edge n° 20  
[ Tempera  sur Arches 56 x 76 cm ]
(Version n°1)
Beaucoup de peintres ont pour sujet la peinture elle-même. Ils utilisent donc, éventuellement, les modes d'expression que je viens d'énoncer. Le motif sert de prétexte, dont la peinture «abstraite» se passe d'ailleurs très bien !
D'autres peintres désirent s'exprimer sur un sujet. Ils sont motivés soit par le motif au sens pittoresque du terme, ou alors par ce que sous-tend le motif; les Surréalistes, les Symbolistes en font partie. Certains, comme les Nabis, ont décidé de mettre de l'art partout, à titre décoratif. La peinture, à l'opposé, peut aussi être vectrice d'un message politique ou religieux.

Peut-on aller au delà ? 
Invitation lisière - borde - edge n° 20  
[ Tempera  sur Arches 56 x 76 cm ]
(Version n°2)
Les Romantiques sont parvenus à exprimer le concept du sublime, qui est le respect, la crainte que l'humain peut ressentir face à l'immensité et le pouvoir des éléments de la Nature, qui se trouve alors quasi déifiée. L'art pictural touche alors l'humain, mais dans une dimension toute spéciale de son être. La matière est aux portes de la métaphysique (la musique y parvient également, peut-être mieux).
Cette lisière est celle-la-même que je tente d'exprimer par le biais de la peinture. Cela réclame, j'en suis sûr maintenant, une attitude dépourvue de bavardages. Il me faut proposer l'essentiel et non distraire le spectateur. Celui-ci devrait se trouver placé là où la matière effleure le diaphane, où le «réel» prend une signification grâce à l'intuition (nous ne sommes pas dans le symbole qui est de l'ordre du savoir, de la culture). Comment puis-je vérifier que mon but est atteint ? Je ne sais pas si j'y parviendrai un jour. Chaque spectateur peut avoir une sensibilité et une réponse personnelle. C'est peut-être la limite à laquelle la peinture se heurte, comme toute tentative de communication.
L'expression du peintre est entièrement soumis aux aléas de l'espace, du temps et des personnes qui observent ; le malentendu est fréquent ; loin d'être stérile, il porte en lui les germes d'une multitude de sens et d'émotions.
Mais la peinture est-elle une communication ?
Je précise : la peinture est-elle communicante ? Je ne donnerai comme élément de réponse que cet exemple : Goethe a fait peindre les parois des diverses pièces de sa demeure; Pour chacune il utilisa une couleur différente en fonction des atmosphères, des ambiances qu'elle favorisait. C'est bien de peinture en bâtiment que nous parlons.
C'est une leçon d'humilité que je ne veux pas oublier.
Merci pour votre attention.

And now, the translation by Christina 

__ Rays or radiation __

Being or principle. Synonyms?
It is sometimes a difficulty for me to discern what I really want to paint. It is a real process of awareness.
I recall briefly that the painting itself can, by the dynamics of the keys for example, restore the idea of ​​life (cf the previous articles #chaos). The composition and the use of contrasts are others ways.
But is that enough?
Many painters have for subject the painting itself. They therefore use, possibly, the modes of expression that I have just stated. The subject serving as a pretext, which "abstract" painting does not need at all !
Other painters wish to express themselves on a subject. They are motivated either by the motive in the picturesque sense of the term, or by what the motif underlies; The Surrealists, the Symbolists are part of it. Some, like the Nabis, decided to put art everywhere, for decorative purposes. Painting, on the other hand, can also be a vehicle for a political or religious message. [see image n° 1]

Can we go beyond that?
The Romantics have succeeded in expressing the concept of the sublime, which is the respect, the fear that the human can feel in the immensity and the power of the elements of Nature, which is then quasi-deified. Pictorial art then touches the human, but in a very special dimension of its being. Matter is at the gates of metaphysics (music also succeeds at it, perhaps better).  [see image n° 2]
This edge is the very one I try to express through painting. This, I am sure now, demands an attitude devoid of gossip. I must propose the essential and not distract the viewer. The latter should be placed where the matter touches the diaphanous, where the "real" takes on meaning through intuition (we are not in the symbol that is of the order of knowledge, of culture). How can I verify that my goal is met? I do not know if I will succeed one day. Each viewer can have a sensitivity and a personal response. This is perhaps the limit to which painting comes up, like any attempt of communication. [see image n° 3]
But is painting a communication? 
Is the painting communicative? I will give as an element of answer only this example: Goethe had the walls of the various rooms of his dwelling painted; For each one he used a different color according to the atmospheres, ambiances or dynamics that the color favored. Yes, we are talking about house painting.
It is a lesson of humility that I do not want to forget.
Thank you for your attention.

samedi 25 février 2017

Interruption de processus !

J'ai travaillé pendant "x" heures sur «invitation n°20».
J'ai interrompu cet après-midi le processus créatif.
- Parce que je suis content du résultat ?
invitation lisière - borde - edge n°20
(tempera à l'oeuf sur Arches 57 x 76 cm)
Bien au contraire. J'ai une image acceptable à mes yeux, mais je m'y suis malheureusement trahi. Cette image représente l'exemple typique d'une image morte. Bon. Elle peut évoquer quelque chose, susciter des questions ; on peut même la trouver belle. Mais, je le répète : à mes yeux elle est morte. L'image montre des dynamiques, mais la peinture elle-même est relativement statique, particulièrement dans sa moitié inférieure.
[Je ne vous ferai pas l'insulte de vous répéter mes réflexions sur l'utilisation consciente par le peintre des principes théorique du chaos. Si vous venez pour la première fois, je vous transmets le lien qui vous permettra de vous familiariser avec ce concept simple mais réellement vivifiant. ]
Je croyais pourtant avoir commencé ce tableau en application exacte de mes principes picturaux, mais voici qu'à la fin j'obtiens une image lisse, polie, maintenue hors de la poubelle ou des flammes uniquement par un accès de bienveillance peut-être exagéré.
état de la peinture le 20 février
Je suis retourné sur la première page de mon site et j'ai remonté le temps pour trouver la source de mon erreur, le moment où s'est installée la déviance.
Etait-ce ici, [image 20 fév] lorsque je me suis mis à utiliser des pinceaux pour faire un travail "précis" ? Non. Un travail chaotique au sens où je l'entends ne repose pas sur une cacophonie picturale ; il implique plutôt une certaine rigueur. L'utilisation des pinceaux n'est pas à considérer.
Inutile de jouer aux devinettes.   [image n°1]
C'est en fait dès le premier jour, que j'ai commis ma principale erreur en ébauchant le soleil avec des rayons. Quel beau soleil ! Tel que je le dessinais (avant même de savoir me moucher), avec des rayons, puisqu'on m'a appris que le soleil nous envoyait ses rayons.  Des rayons. Comme une roue de vélo ! Cela ne pouvait pas fonctionner : le symbole «rayon» est une écriture non une peinture. Or quoi de plus organisé, dépourvu de chaos, qu'une écriture ? !
image n°1  :  état de la peinture le 22 janvier
Fort de ce constat, je me trouve devant l'alternative de jeter le bébé avec l'eau du bain, ou de laver la surface et recommencer . Je choisis en fait une troisième option : conserver cette peinture pour ce qu'elle est, et en «peindre» une cousine plus  ouverte, poétiquement parlant.
Je la publierai dans ce blog et dans mon site [on y accède par ici]
A bientôt donc ! Pour l'heure, je vous invite à suivre ce lien. Il vous mènera directement vers l'article que j'avais écrit avant celui-ci. Il y est question d'auto-formation (formation autodidacte) . Comment me suis-je formé ? (pouvez-vous vous former ?) sans passer par une école et en vous passant de diplôme.   Les concours d'art... Absolu non-sens.

And now, Christina's english translation :

Process interruptions!

I worked for "x" hours on Invitation no. 20 (first reproduction of this article).
I interrupted the creative process this afternoon. "Because I'm happy with the result?"
On the contrary. I have an acceptable image in front of the eyes, but unfortunately I betrayed it. This image represents the typical example of a still image. She can evoke something, raise questions; one can even find it beautiful. But, I repeat: to my eyes it is dead. The image shows some dynamics, but the paint itself is relatively static, especially in its lower half.
[I will not insult you in repeating my reflections about the conscient use of the theoretical principles of chaos by the painter. If you're just joining me from this day's article, I shall give you the link that will get you familiarized with this simple but really invigorating concept.]
I thought, however, that I had begun this painting in exact application of my pictorial principles, but at the end I get a smooth, polished image, kept out of trash or flames only by a (perhaps) exaggerated benevolence.
I went back to the first page of my site and, back in time, I tried to trace the source of my error, the moment the deviance settled.
Was it here, [image 20 Feb, the second of this article)] when I started using brushes to do a more "precise" job? No. A chaotic work, in the sense in which I hear it, does not rest on a pictorial cacophony; on the contrary, it involves a certain rigor. The use of brushes is not to be considered.
Needless to play riddles. [Image n ° 1 (the third of this article)]
In fact, I committed my main error from the very first day, by sketching the sun with rays.
What a beautiful sun! I had drawn it as in the old days (when I didn't even know how to blow my nose), with rays, since I was told that the sun sends us rays… Like a bicycle wheel! This could not work: the symbol "ray" is a script not a painting. Thus, what is more organized, devoid of chaos, than a scripture ?
Based on this observation, I find myself in front of the alternative to throw out the baby with the bath water, or to wash the surface and start again. I actually choose a third option: to preserve this painting for what it is, and to "paint" a cousin more open, poetically speaking.
I will post it in this blog and on my site [accessed here]
See you soon! For the moment, I invite you to follow this link. It will lead you directly to the article I had written before this one. It is about self-training (self-taught training). How I did become trained (and so can you) without going through a school and getting a diploma?
Art contests?...  Absolute nonsense.

lundi 19 septembre 2016

Quelle est la couleur de la vie ?


On me posa récemment la question suivante :
- Comment fais-tu pour ne pas être influencé par les couleurs du modèle par faire ta peinture?
La réponse est assez simple, bien qu’approximative. Je garde en effet toute latitude de quitter les sentiers battus.
Je la transcris dans cet article de blog en tant que résumé du processus créatif technique. J'insiste sur le terme «technique» car il intervient dans la création d'un tableau une foule d'ingrédients évolutifs, depuis un certain état d'esprit général jusqu'aux conditions météorologiques, en passant par l'humeur proprement dite du peintre ! Dans ce tableau je n'utilise que deux couleurs : une couleur d'atmosphère générale (servie soit comme imprimatura, soit pour ébaucher les premières zones d'ombre) et du blanc pour les lumières.
Ensuite je prends une nouvelle couleur qui correspondra à un critère de ressenti : chaud, froid, dynamique, calme, sombre, inspiré, rassurant,etc.
Ensuite je reprends les lumières avec le blanc.
Il m'arrive aussi d'utiliser le blanc comme voile sur tout ou partie de la surface, dans le but de modifier en profondeur la zone recouverte. Les reprises s'effectuent ainsi de suite, jusqu'à ce que j'interrompe le processus créatif.
On se trouve donc en présence d'un processus alternant le chaos et la lumière en tant que vecteurs de créativité. Simple, si ?
Les couleurs appellent, relativement tôt dans le processus, une harmonisation; de plus, elles forment (grâce au clair-obscur entre autre) des structures qui permettent à l'image de profiter d'un axe d'expression supplémentaire.

Attention, cependant. Je ne me contente  pas toujours de cette façon de monter mes couleurs. En effet, la tendance à «virer» au brun ou gris-boue est à prendre au sérieux assez vite, en particulier lors de la superposition des glacis. Ainsi, la recherche d'harmonie devient-elle aussi partie prenante de l'expression poétique du peintre.

Il y a encore une difficulté à laquelle je me trouve confronté. A certaines périodes de l'année, La seule façon d'avoir de la lumière sur mes travaux est d'utiliser un éclairage artificiel.
Malgré les progrès réalisés par les fabricants d'ampoules type «lumière du jour», les couleurs sont difficiles à distinguer très précisément, en particulier dans les valeurs extrêmes, tant claires que foncées. Pas de solution miracle : on corrige à la lumière du jour les inexactitudes commises sous les lampes. Avec la pratique, dans les demi-teintes plus particulièrement, on parvient à s'adapter... en attendant l'été.
MAIS
Un peintre tel que Pierre Bonnard utilisait volontairement l'éclairage artificiel, même en tant que sujet de sa peinture. Encore plus fort: il peignait en punaisant ses toiles directement contre le papier-peint collé au mur. Il préférait cela car il pouvait ainsi tenir compte du contexte dans lequel les tableaux seraient vus finalement. Plus les papiers-peints étaient chamarrés, mieux cela se passait, car la cacophonie visuelle devenait si forte qu'elle finissait par ne plus être prise en compte en détail par le cerveau.
Ceci dit, je me souviens que j'aime utiliser les phénomènes liés au chaos. Ces changements de lumière pourraient très bien être intégrés comme «conditions initiales» auxquelles le tableau, ou au moins le peintre, serait extrêmement sensible.
Invitation lisière - borde - edge n° 15
[tempera sur Arches 76 x 56 cm]

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part je trouve ces voies chaotiques de mieux en mieux acceptables en situation de créativité.

English translation by Christina

Recently I was asked the following question:
- How do you avoid being influenced by the colors of the model while doing your painting?
The answer is quite simple, although approximate. I shall indeed keep the liberty to leave the beaten tracks. I transcribe it in this blog article as a summary of the technical creative process. I emphasize the word "technical" because it is involved in the creation of a painting many ingredients going from the general state of mind up to the weather conditions, passing by the actual mood of the painter ! In this painting I use only two colors: a general atmosphere color (served either as imprimatura or to draft the first gray areas) and a white for the lights.
Then I take a new color that will match a feeling criteria: hot, cold, dynamic, quiet, dark, inspirational, comforting, etc. Then I push up the lights with the white.
Sometimes I use some white as a veil on the entire surface, in order to fundamentally change the covered area. And I carry on like this until I interrupt the creative process.
We are thus in the presence of a process alternating light and chaos as creative vectors. Simple, no?
The colors require, relatively early in the process, an harmonization; moreover, they form (thanks to the chiaroscuro among others) structures that allow the image to benefit from an additional axis of expression.

Be careful, though. I am not always satisfied with that way of mounting my colors. Indeed, the tendency of "turning" toward brown or gray-mud is to be taken seriously rather quickly, especially when layering glazes. Thus, the search for harmony also becomes part of the painter' poetic expression.

There is still another difficulty to which I feel confronted. At certain times of the year, the only way to have light while working is to use artificial lighting.
Despite progress made by the manufacturers of bulbs like "daylight" colors are difficult to distinguish precisely, especially in the extreme values, like clear or dark. There exist no miraculous solution; inaccuracies committed under the lamps shall be corrected at daylight. With practice, particularly in the halftones, I manage to adapt... until the summer comes!
BUT
A painter like Pierre Bonnard intentionally used artificial lighting, even as the subject of his painting. Even better: he painted pinning his paintings directly on the wallpaper against the wall. He liked it because he could thus take into account the context in which the painting will finally be seen.The more the wallpapers was bedecked better it was  because the visual cacophony became so strong that it ended up not being considered in detail by the brain.
That said, I remember that I like to use the phenomenon related to chaos. These changes of light could be integrated as well into the "initial conditions" to which the painting, or at least the painter, is extremely sensitive.

I do not know what you think about this, but for my part I find these chaotic ways more and more acceptable in situation of creativity.

vendredi 2 septembre 2016

La peinture : grammaire ou vocabulaire

J'ai pu interrompre le processus pictural intitulé  « invitation lisière - borde - edge n° 12».
Il a été peint avec de la tempera souvent très liquide, des empâtements légers (blanc) et divers couteaux à peindre. Seules les finitions furent posées au pinceau.
En plus du sujet propre de «l'image», je mets en avant l'exécution du tableau, son aspect technique qui me révèle ma propre perception du vivant . L'idée consiste à utiliser les principes scientifiques définis dans la théorie du chaos qui étudie les variantes cause-effet dues à une sensibilité extrême aux conditions initiales du processus. J'ai déjà expliqué tout cela ici [lien # chaos]
Si je reviens une fois encore sur le sujet, c'est pour garder une trace de mon évolution picturale ainsi que des aléas rencontrés au fur et à mesure du processus créatif.
invitation lisière - borde - edg n° 12
[tempera sur Arches 76x56 cm]
La difficulté principale est ici liée à la présence humaine représentée dans le tableau. Le modèle est une personne, qui plus est une personne connue. S'il est aisé de faire des abstraction sur un paysage, une forêt, etc, c'est parce qu'il suffit à notre cerveau de se représenter une forêt même si je ne connais pas le nom des arbres, ni leur nombre. Dans le cas d'une personne, je dispose d'un nombre incalculable de données qui la définissent. Quelles sont celles que je vais choisir de représenter sur mon tableau? Quelles sont celles qui sont utiles à mon expression dans ce cadre précis ?
L'abstraction se fait naturellement et automatiquement lors d'une conversation par exemple. Mais dans le domaine pictural, où même une photographie renseigne peu sur la personne, je dois bien prendre conscience des données qui sont indispensables pour que mon cerveau, enfin satisfait, puisse trouver sa sérénité.
On constate dans ce tableau que le rapport lumière,ombre est important ; on le retrouve dans le rapport chevelure- vêtement du personnage, on le trouve également dans le rapport ignorance-savoir symbolisé par le livre ; par contre, les mains peuvent être représentées succinctement, ainsi que le visage, puisqu'ici l'identité propre du personnage n'apporte aucune signification supplémentaire. Je constate, avec le recul, que j'ai tout de même renoncé à ne faire qu'une simple silhouette comme ce fut le cas dans le n°9 de la série.
J'ai choisi cependant de résumer les fenêtres à leur plus simple expression, mentionnant qu'elles laissent  passer la lumière du jour, mais renonçant à définir le paysage qu'on y voit dans la réalité.
Si le spectateur le désire, à moins qu'il ne le fasse spontanément et inconsciemment, il peut imaginer le paysage, reconnaître une personne de son entourage, etc.
Ce qu'il faut retenir de tout ceci est que suivant le nombre de détails que je cherche à exprimer, je risque fort de m'opposer aux variations chaotique et de prendre par exemple un pinceau plus précis que mon couteau à peindre. L'intégrité du processus pictural en serait fatalement altérée.
D'un autre point de vue, je me demande ce qui compte le plus : la liberté d'expression absolue et sans règle ou alors une obéissance «aveugle» à un principe théorique...
Je n'ai pas de réponse toute faite ...règle, chaos, règle chaotique, chaos réglé ...

facile ou simple

Portrait 2014
Me voici à plus de 50 ans en train de bouleverser mon mode d'expression. Je ne dis pas que je suis en train d'apprendre une nouvelle langue. Je vous dis que je suis en train de découvrir mon langage.
Vers l'âge de 12 ans, je décide que je sais dessiner. Pendant 40 ans je n'ai cessé de le démontrer. On a vu. Je savais dessiner. Je savais peindre aussi, à l'aquarelle (l'huile étant trop lente pour ma fougue). Depuis quelques années je me familiarise avec la tempera, passant entre autre par la tradition orthodoxe qui utilise ce medium. Maintenant, j'ai aussi montré que je pouvais peindre des tableaux aux rendus «réalistes», tout en me donnant un goût d'insatisfaction. Et pour cause. Je peignais dans une langue étrangère apprise sagement à l'école des autodidactes cultivés : magnifique et sans accent, un peu vide cependant. Les sujets représentés faisaient illusion, mais la manière de peindre...bien banale. Interchangeable.

Portrait (?) 2016
Depuis quelques mois, je peins beaucoup moins bien, mais aussi beaucoup mieux. Je peux enfin me reconnaître sur mes tableaux. Certes, j'utilise toujours des sujets, mais ma façon de les peindre en est aussi un, de sujet. Peut-être même le plus important, qui manifeste mon énergie vitale, mon état d'esprit, ma condition d'humain, vivant dans un cosmos d'où il tire sa matière vivifiante et existentielle.
Ce n'est pas rien !
Le plus difficile est de me débarrasser de mes travers de perfectionniste. Le «fini» en est une manifestation. La «belle touche» aussi veut tenir son rang au mépris de la vraie touche, qui est pourtant la plus simple à poser. Simple, oui, mais difficile. 0n n'outrepasse pas 50 ans de conditionnements sans accrocs, dérapages et rayures au niveau de l'ego. Je retrouve tous les défauts des débutants : approximations, maladresses, surcharges, etc.
Normal, je cherche mes mots, la syntaxe et le vocabulaire de mon esprit, les structures de mon langage.
Comme tout être vivant sur son chemin de découvertes.
C'est passionnant à vivre.
J'espère qu'on trouvera de l'intérêt à regarder.


And now, the english Christina-Google translation :

I could interrupt the painting process called "invitation border - borders - edge No. 12".
It was painted with often very liquid tempera, light impasto (white) and various painting knives. Only the finishs were set with brushes.
In addition to the proper subject of the "picture", I put forward the execution of the painting, its technical aspect that reveals my own perception of life. The idea is to use scientific principles defined into the chaos theory that studies the cause and effect variations due to extreme sensitivity to initial conditions of the process. I explained all this here [# chaos link].
If I come back again on the subject, it is to keep track of my pictorial evolution as well as the hazards encountered along the creative process.
The main difficulty here is linked to human presence represented in the table. The model is a person, furthermore someone known. While it is easy to make abstraction of a landscape, a forest, etc., it is because it is sufficient for our brain to imagine a forest even though I do not know the name of trees or their number. In the case of a person, I have countless data that define her. Which ones do I choose to represent on my painting? Which ones are useful for my expression in this particular context?
The abstraction is done naturally and automatically, during a conversation, for example. But in the pictural domain, were even a photograph says little about the person, I have to be aware of the elements that are essential so that my brain, finally satisfied, may find its serenity. One will notice that, in this picture, the report light, shade is important; it is to be found in the report hair-clothing of the character, it is also found in the report ignorance-knowledge symbolized by the book; on the other hand, hands can be represented succinctly as well as the face, since here the identity of the character does not add any meaning. I see, retrospectively,  that I did give up to make only a simple figure as was the case in n° 9 of the serie.
However, I have chosen to summarize the windows to their simplest expression, indicating that they let pass the light of the day, but renouncing to define the landscape we see behind them in reality.
If the viewer wants, unless he does so spontaneously and unconsciously, he can always imagine the landscape, recognize a person of his entourage, etc.
What to remember from all this is that depending on the number of details that I try to express, I may well oppose the chaotic variations and take, for example, a more precise brush than my painting knife. The integrity of the pictural process would then be fatally compromised.
From another point of view, I wonder what counts most: the absolute freedom of expression without rules or else a "blind" obedience to a theoretical principle ...
I have no ready-made answer ... rule, chaos, chaotic rule, chaos well ordered ...
(to be continued)

easy or simple

Here I am, more than 50 years old and upsetting my mode of expression. I'm not saying that I am trying to learn a new language. I tell you that I am discovering my language.
Around the age of 12, I decided that I can draw. For 40 years I did'nt cease to demonstrate it. We saw. I could draw. I could paint too. Watercolor (the oil being too slow for my ardor). Since few years I familiarize myself with tempera, passing among others things by the Orthodox tradition which uses this medium. Now, I also found that I could paint pictures with "realistic" effects, while giving me a taste of dissatisfaction. And for good reason. I painted in a foreign language wisely learned at the school of the  cultivated self-taught: beautiful and without accent, a bit empty though. The subjects represented gave illusion, but the way of painting, well ... common, exchangeable.
For several months, I don't paint as well, but also much better (!). I can finally recognize myself in my paintings. For sure, I always use subjects, but my way of painting is also part of the subject. Perhaps even more important, as it manifests my vital energy, my state of mind, my
human condition of living in a cosmos from which it takes its invigorating and existential matter.
It's not nothing !
The most difficult is to get rid of my perfectionist through. The "finish" being one manifestation of it. The "nice touch" also wants to hold its own share in contemption of the "true touch" which is nevertheless the simplest to install. Simple, yes, but difficult. One does not override more than 50 years of smooth conditioning, with its skids and scratches at the ego level. I am going through all the beginners defects : approximations, clumsiness, overcharges, etc.
Normal, I search for my words, syntax and vocabulary in my mind, the structures of my language. Like any living being on its way of discoveries.
It's exciting to live.
I hope one finds an interest to watch.

mardi 2 août 2016

bilan des premiers travaux «chaotiques»

Invitation n° 10  detail n° 1
J’ai évoqué lors de plusieurs articles précédents (#tag : chaos) mon désir d’introduire la notion de chaos dans ma peinture, afin de la rendre plus vivante. De fait, mes quatre dernières oeuvres ont été élaborées selon ce principe, respecté à des degrés variables comme nous l'allons voir.
Rappel : On appelle processus chaotique tout événement ou série d’événements ayant une sensibilité extrême aux conditions initiales.

Comment allais-je manifester cette condition picturalement ?

Intuitivement, j’ai considéré que l’utilisation de couteaux à peindre couplée avec l’usage d’une peinture très liquide pouvait offrir des événements très sensibles aux conditions initiales (happy accident  ou gestes authentiques). On peut en effet comprendre aisément ce postulat en considérant les conditions inverses, qui seraient d’étaler une peinture crémeuse à l’aide de pinceaux bien adaptés, la main bien posée sur un bâton appuie-main.
Invitation n° 10  detail n° 2

→ J’ai pu constater tout d’abord que plus les reprises étaient nombreuses, plus j’avais tendance à vouloir préciser les dessins des formes du motif ; ce qui amoindrit l’effet vitalisant du principe chaotique.
→ Une autre évidence, corollaire de la précédente, me frappa : moins il y a de reprises, plus le rythme et l’énergie du tableau sont manifestes, sans péjorer la structure générale du tableau. Or, le rythme visuel et l’énergie picturale ont un potentiel expressif énorme. Il serait dommage de les exclure de la palette créative.
→ Les spectateurs témoins du processus pictural semblent plus concernés, parties prenantes, lors des premières reprises du tableau. J’y vois la preuve que le potentiel suggestif de l’image (qui enclenche un travail participatif important de leur part pour «compléter» l’oeuvre, voire lui donner un sens) est, selon mes propres critères, plus important que d’offrir une image «finie» qu’il suffit de lire passivement.
→ Plus j’utilise le couteau à peindre et les couleurs très fluides, plus j’accepte d’utiliser le pinceau de manière très libre, spontanée, sans rechercher nécessairement la précision descriptive d’un scribe.
Invitation n° 10  detail n° 3
→ J’ai cependant pu constater la peine que j’ai à laisser le tableau vivre sa vie dans un stade suggestif plutôt que descriptif. C’est l’une de mes contradictions, car je suis personnellement plus attiré par l’esthétique d’une suggestion que par celle d’une affirmation péremptoire… Je pense qu’il s’agit là de l’indication d’un conditionnement perfectionniste, que je vais d’ailleurs chercher à évacuer le plus vite possible. Le perfectionnisme nie complètement la liberté de son sujet, aliéné à l’obligation de faire le mieux, faute de n’avoir droit ni à la reconnaissance, encore moins à l’amour.  Mallarmé, revendiquant cette liberté d’expression, se pensait condamné à renoncer à sa propre existence, ce qu’il assumait d’ailleurs fort bien, à ce qu’il parait !

Renoncer à être totalement explicite revient à confier le sort de sa peinture au spectateur. Il s’agit en effet de faire confiance aux facultés d’autrui pour aborder l’oeuvre dans un esprit aussi créatif que le sien propre, voire même plus créatif, tant il est vrai que bien souvent un spectateur est capable de voir des choses que le peintre ignorait avoir mises. Beaucoup d’entre nous en avons fait l’expérience amusante, intéressante, car elle ouvre une sorte de dialogue d’esprit, d’enrichissement mutuel de conscience. Le tableau a donc le rôle d’amorce spirituelle ou, plus prosaïquement, esthétique.
Invitation lisière - borde - edge  n° 10  
tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 09tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 08  
tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 07  
tempera sur Arches 56x76 cm

Rien que pour cela, la peinture mérite de survivre à tous les augures qui l’ont considérée  à maintes reprises comme obsolète voire défunte.

And now the english version by Christina :

I mentioned in several previous papers (#tag: chaos) my desire to introduce the concept of chaos in my paintings, to make it more vivid . In fact, my last four works were developed according to this principle, respected to varying degrees as we shall see.
Reminder: One calls chaotic process any event, or series of events, showing extreme sensybility to initial conditions.

How would I manifest this condition pictorially?

Intuitively, I considered that the use of painting knives coupled with that of a very liquid paint would offer very sensitive events to initial conditions (happy accident or authentic gestures). It is indeed easy to understand this assumption considering the opposite conditions that would be to spread a creamy paint using a well suited  brush, with the hand well put  on a hand-support stick.

→ At first I found that as the repetition added, the more I tended to insist on defining the drawing shape of the patern; the more it lessens the effect of vitalizing the chaotic principle.
→ Another obvious corollary of the first struck me then: the fewer the repeats, the more the rythm and energy of the picture are shown without depreciating the general structure of the picture. However the visual rhythm and pictorial power have an enormous expressive potential. It would be a shame to exclude them from the creative palette.
→ The audience, witness of the pictorial process, seem more concerned, involved, during the early times of the work. I see there a proof that the evocative potential of the image (which triggers an important participatory work from the viewer to "complete" the work or give it its sense) is, according to my own criteria, more important than the offer of a "finished" picture that one only has to read slavishly.
→ The more I use the painting knife with very fluid colors, the more I accept to use the brush very freely, spontaneously, without necessarily seeking the descriptive accuracy of a scribe.
→ However, I must note the trouble I have to leave the picture live its own life at a suggestive rather than descriptive stage. This is one of my contradictions, for I am personally more attracted to the aesthetics of a suggestion than to that of a sweeping statement ... I think this is the indication of a perfectionist conditioning, which I will also seek to evacuate as soon as possible. Perfectionism completely denies the freedom of its subject, alienated to the obligation to do the best, fault of having right to recognition, let alone love. Mallarmé, claiming that freedom of expression thought himself sentenced to renounce to his own existence, which he assumed perfectly, so it seemed!

Giving up to being totally explicit amounts to entrust the fate of the painting to the viewer. It means indeed to be confident in the abilities of others to address the work in the same creative mind than his own, and even more creative, as it is true that often a viewer is able to see things that the painter did not know he has made. Many of us have made the experience, funny, interesting because it opens some kind of dialogue of minds and brings mutual enrichment of consciousness. The picture therefore has the role of spiritual or, more prosaically, aesthetic bait.

For that alone, painting deserves to survive all the soothsayers who considered it repeatedly obsolete or even defunct.


bilan des premiers travaux «chaotiques»

Invitation n° 10  detail n° 1
J’ai évoqué lors de plusieurs articles précédents (#tag : chaos) mon désir d’introduire la notion de chaos dans ma peinture, afin de la rendre plus vivante. De fait, mes quatre dernières oeuvres ont été élaborées selon ce principe, respecté à des degrés variables comme nous l'allons voir.
Rappel : On appelle processus chaotique tout événement ou série d’événements ayant une sensibilité extrême aux conditions initiales.

Comment allais-je manifester cette condition picturalement ?

Intuitivement, j’ai considéré que l’utilisation de couteaux à peindre couplée avec l’usage d’une peinture très liquide pouvait offrir des événements très sensibles aux conditions initiales (happy accident  ou gestes authentiques). On peut en effet comprendre aisément ce postulat en considérant les conditions inverses, qui seraient d’étaler une peinture crémeuse à l’aide de pinceaux bien adaptés, la main bien posée sur un bâton appuie-main.
Invitation n° 10  detail n° 2

→ J’ai pu constater tout d’abord que plus les reprises étaient nombreuses, plus j’avais tendance à vouloir préciser les dessins des formes du motif ; ce qui amoindrit l’effet vitalisant du principe chaotique.
→ Une autre évidence, corollaire de la précédente, me frappa : moins il y a de reprises, plus le rythme et l’énergie du tableau sont manifestes, sans péjorer la structure générale du tableau. Or, le rythme visuel et l’énergie picturale ont un potentiel expressif énorme. Il serait dommage de les exclure de la palette créative.
→ Les spectateurs témoins du processus pictural semblent plus concernés, parties prenantes, lors des premières reprises du tableau. J’y vois la preuve que le potentiel suggestif de l’image (qui enclenche un travail participatif important de leur part pour «compléter» l’oeuvre, voire lui donner un sens) est, selon mes propres critères, plus important que d’offrir une image «finie» qu’il suffit de lire passivement.
→ Plus j’utilise le couteau à peindre et les couleurs très fluides, plus j’accepte d’utiliser le pinceau de manière très libre, spontanée, sans rechercher nécessairement la précision descriptive d’un scribe.
Invitation n° 10  detail n° 3
→ J’ai cependant pu constater la peine que j’ai à laisser le tableau vivre sa vie dans un stade suggestif plutôt que descriptif. C’est l’une de mes contradictions, car je suis personnellement plus attiré par l’esthétique d’une suggestion que par celle d’une affirmation péremptoire… Je pense qu’il s’agit là de l’indication d’un conditionnement perfectionniste, que je vais d’ailleurs chercher à évacuer le plus vite possible. Le perfectionnisme nie complètement la liberté de son sujet, aliéné à l’obligation de faire le mieux, faute de n’avoir droit ni à la reconnaissance, encore moins à l’amour.  Mallarmé, revendiquant cette liberté d’expression, se pensait condamné à renoncer à sa propre existence, ce qu’il assumait d’ailleurs fort bien, à ce qu’il parait !

Renoncer à être totalement explicite revient à confier le sort de sa peinture au spectateur. Il s’agit en effet de faire confiance aux facultés d’autrui pour aborder l’oeuvre dans un esprit aussi créatif que le sien propre, voire même plus créatif, tant il est vrai que bien souvent un spectateur est capable de voir des choses que le peintre ignorait avoir mises. Beaucoup d’entre nous en avons fait l’expérience amusante, intéressante, car elle ouvre une sorte de dialogue d’esprit, d’enrichissement mutuel de conscience. Le tableau a donc le rôle d’amorce spirituelle ou, plus prosaïquement, esthétique.
Invitation lisière - borde - edge  n° 10  
tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 09tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 08  
tempera sur Arches 76x56 cm
Invitation lisière - borde - edge  n° 07  
tempera sur Arches 56x76 cm

Rien que pour cela, la peinture mérite de survivre à tous les augures qui l’ont considérée  à maintes reprises comme obsolète voire défunte.

And now the english version by Christina :

I mentioned in several previous papers (#tag: chaos) my desire to introduce the concept of chaos in my paintings, to make it more vivid . In fact, my last four works were developed according to this principle, respected to varying degrees as we shall see.
Reminder: One calls chaotic process any event, or series of events, showing extreme sensybility to initial conditions.

How would I manifest this condition pictorially?

Intuitively, I considered that the use of painting knives coupled with that of a very liquid paint would offer very sensitive events to initial conditions (happy accident or authentic gestures). It is indeed easy to understand this assumption considering the opposite conditions that would be to spread a creamy paint using a well suited  brush, with the hand well put  on a hand-support stick.

→ At first I found that as the repetition added, the more I tended to insist on defining the drawing shape of the patern; the more it lessens the effect of vitalizing the chaotic principle.
→ Another obvious corollary of the first struck me then: the fewer the repeats, the more the rythm and energy of the picture are shown without depreciating the general structure of the picture. However the visual rhythm and pictorial power have an enormous expressive potential. It would be a shame to exclude them from the creative palette.
→ The audience, witness of the pictorial process, seem more concerned, involved, during the early times of the work. I see there a proof that the evocative potential of the image (which triggers an important participatory work from the viewer to "complete" the work or give it its sense) is, according to my own criteria, more important than the offer of a "finished" picture that one only has to read slavishly.
→ The more I use the painting knife with very fluid colors, the more I accept to use the brush very freely, spontaneously, without necessarily seeking the descriptive accuracy of a scribe.
→ However, I must note the trouble I have to leave the picture live its own life at a suggestive rather than descriptive stage. This is one of my contradictions, for I am personally more attracted to the aesthetics of a suggestion than to that of a sweeping statement ... I think this is the indication of a perfectionist conditioning, which I will also seek to evacuate as soon as possible. Perfectionism completely denies the freedom of its subject, alienated to the obligation to do the best, fault of having right to recognition, let alone love. Mallarmé, claiming that freedom of expression thought himself sentenced to renounce to his own existence, which he assumed perfectly, so it seemed!

Giving up to being totally explicit amounts to entrust the fate of the painting to the viewer. It means indeed to be confident in the abilities of others to address the work in the same creative mind than his own, and even more creative, as it is true that often a viewer is able to see things that the painter did not know he has made. Many of us have made the experience, funny, interesting because it opens some kind of dialogue of minds and brings mutual enrichment of consciousness. The picture therefore has the role of spiritual or, more prosaically, aesthetic bait.

For that alone, painting deserves to survive all the soothsayers who considered it repeatedly obsolete or even defunct.


mercredi 13 avril 2016

Chaos (III) -  Marre de l'économie de moyen !

J'aime en art l'acte, le processus de recherche, le temps de la créativité. J'aime me plonger dans l'élaboration d'une oeuvre pour des jours, des semaines et des mois. J'aime la naissance physique de l'oeuvre et aussi sa venue progressive dans mon monde mental, sensible, spirituel.

Avec l'économie de moyens, je ne peux que faire preuve de mon éventuelle virtuosité. Mais je dois alors me priver de la recherche pure. Et ça : jamais !

Je veux au contraire utiliser une propriété qui a été mise en évidence par les recherches sur le déterminisme : la faculté proprement créatrice du chaos, de la sensibilité extrême aux conditions initiales. Ses effets n'apparaissent clairement et irréfutablement qu'après un grand nombre de mises en oeuvre, d'observations de ces mises en oeuvre et de leurs mises en perspective, voire en abîme.

Ainsi, je peux poser de nombreuses traces de formes triangulaires ou trapézoïdales ;   peu à peu elles se transforment ensemble par le simple fait que je les pose en ayant pour objectif la production d'une image mentale, peut-être le modèle auquel je me réfère.
Et ça marche !

image n°1
étude au fusain (grosse branche)
sur papier 56x42cm
L'image reproduite ici a été construite à l'aide d'un bloc de fusain cylindrique, un morceau irrégulier de branche d'arbre de la dimension d'un doigt. Certaines clartés ont été posées à l'aide d'un bloc de craie ressemblant à une petite brique de section carrée de même dimension que le fusain.

Le résultat est une image, la restitution d'une observation de la vie domestique. On y associera les symboles que l'on voudra, ou pourra.

Bien sûr, la précision qu'aurait permis une étude au crayon de graphite, par exemple, aurait été supérieure. Nous aurions pu obtenir plus de détails.

Mais l'approche par taches est plus picturale. Malgré l'absence de détails ou peut-être grâce au manque de détails,  elle est beaucoup plus évocatrice. En effet, l'esprit de l'observateur est en situation de devoir compléter lui-même la représentation. C'est le récepteur qui est le dernier maillon, avec toute son histoire, de la création de l'image. Cette dernière est donc totalement imprévisible dans son état final, tout en restant un vecteur important de communication.

Finalement, cerise sur le gâteau, au plaisir de la recherche du peintre s'ajoute le plaisir de la découverte de l'observateur. Je ferai donc l'économie de l'économie de moyens !

[Il se peut qu'une redondance apparaisse au fil de ce blog. C'est dans la nature même de ce type de communication. En effet, autant un livre propose la somme concaténée et épurée d'une recherche, autant le blog est le réceptacle, au fil du temps, de l'évolution de la recherche, avec ses avncées, ses hésitations, ses trous et ses répétitions éventuelles. Merci à ceux qui peuvent l'accepter, et mes regrets à ceux qui s'en lasseraient.]

Et maintenant, la version en anglais, par Christina :

And now, the english version by Christina :

Chaos (III) - Tired of the economy of means!

In art, I like the act, the searching process, the creativity time. I like to immerse myself in the development of a work for days, weeks and months. I like the physical birth of the work and also its gradual coming into my mental, sensitive, spiritual world.

With the economy of means, I can only show my potential virtuosity. But then, I have to deprive myself of pure research. And this: never!

I would rather use a property that has been highlighted by research on determinism: the actual creativeness of chaos, from the extreme sensitivity to initial conditions. Its effects appear clearly and irrefutably only after a large number of enforcement, observation of these enforcement and by putting them into perspective or even abyss.

Thus, I can apply many streaks of triangular or trapezoidal shape; gradually they evolve and progress by the simple fact that I apply them with the objective of producing a mental picture, perhaps even the model to which I refer. And it works !

The image reproduced here (see image n°1) was built with a cylindrical charcoal block, an irregular piece of tree branch the size of a finger. Some lights were applyed with a chalk block resembling a small brick square of same dimensions as charcoal.

The result is an image, the restitution of a moment of domestic life. One will associate the symbols that he will, or can.

Of course, the accuracy that would have benn allowed by a study in graphite pencil, for example, would have been higher. With much more details.

But the approach by spots is more pictorial. Despite the lack of details, or perhaps due to the lack of detail, it is much more evocative. Indeed, the mind of the observer is in the position of having to complete the representation by himself. It is the receiver who is the last link, with his entire history, of the creation of the image. The latter is therefore totally unpredictable in its final state, while remaining an important vector of communication.

Finally, icing on the cake, to the pleasure of the  painter' research, comes in addition, the pleasure of the discovery by the observer. So much for the economy of the economy of means!

vendredi 18 décembre 2015

la matière psychopompe

Je travaille depuis quelque temps sur ce tableau    - invitation [lisière-edge] 02.
invitation lisière 02
J’ai le bonheur de peindre quelques heures chaque jour. C’est l’une de mes activités les plus équilibrantes. J’ai atteint hier ce moment très spécial où je sens que cette aventure particulière qu’est l’élaboration d’une image arrive à son second point culminant – l’interruption du processus créatif pour cause d’achèvement probable. Le troisième temps fort sera la transmission du tableau à un dépositaire.
Mais qu’en est-il du premier temps fort : celui où la concrétion de l’esprit est tellement puissante qu’elle met le peintre en route sur une nouvelle œuvre et l’accompagne durant tout le processus créatif ?
Hier, disais-je plus haut, je regardais mon travail lorsque l’évidence d’une réminiscence m’est apparue : tout un pan du tableau trouvait écho dans une œuvre que je connaissais bien, l’ayant vue à quelques reprises depuis une vingtaine d’années.
J.M.W. Turner
La déesse de la discorde
choisissant la pomme de contention
dans le jardin des Hespérides
exposé en 1806
Cela ne m’a pas choqué. Je sais que ma pensée a des racines culturelles. Je ne revendique aucune capacité divine de création « originale » dans le sens courant de « originel ». De plus, j’aime énormément Turner qui, lui aussi, s’inspirait ouvertement des courants artistiques auxquels il savait appartenir.
L’autre aspect, qui m’est apparu évident et intéressant, de mon image – maintenant que j’avais pris un peu de recul vis-à-vis d’elle –, est qu’elle se composait d’éléments qui faisaient partie de mes réflexions actuelles : menaces de daech et dérèglement climatique terrestre, ainsi que mes propres capacités d’action quant à ces deux problèmes.
« Arte » et « poiête » signifient en latin et grec « concrétiser, matérialiser, fabriquer ». L’artiste et le poète fabriquent, matérialisent et concrétisent. C’est leur essence, leur rôle, leur finalité. Mais sur quel motif ?
Je pense qu’il s’agit de se rendre complètement perméable à son existence propre et à son contexte vital, usant de toute ses sensibilités, et de les exprimer de manière à les transmettre intelligiblement au sens spirituel du terme. Il s’agit de s’adresser essentiellement à l’esprit de tout individu, à commencer par soi-même, pour animer son existence. L’esprit étant ce qui soutient l’individu dans son action.
Le psychopompe, selon la définition acceptable de Wikipédia, est l’être fantastique, mythique, qui conduit l’âme vers son ultime destination, quelle qu’elle soit.
Hormis l’aspect « ultime », sait-on jamais quelle sera notre dernière décision ? l'artiste-poète est bien celui qui, par l’énergie induite de son œuvre, conditionnera et animera le présent de celui qui la reçoit.
Ne serait-ce pas là une définition acceptable ? Je la préfère à celle qui voudrait qu’un artiste est celui qui vend ses œuvres (ce qui réduirait Vincent à n’être qu’un raté et élèverait Christie ou Sotheby au rang de génies artistiques. Rire.
Ceci étant posé, je me rends compte, intuitivement, qu’il y a une distance très courte entre un psychopompe et un propagandiste : l’intention. Le psychopompe agit en révélateur de la personne qui reçoit l’œuvre, puisqu’elle a besoin de son propre esprit pour « compléter » l’œuvre, lui donner un sens acceptable pour elle ; le propagandiste, quant à lui, cherche à enclore l’esprit dans une pensée unique, unifiée, selon les critères intéressés d’une tierce personne. Une toute petite nuance…
L’artiste pour éviter cet écueil doit donc s’adresser à lui, en une recherche intérieure. Son travail trouvera écho, ou non, selon qu’il sera en adéquation ou en décalage avec ses contemporains, ici, maintenant, ailleurs, plus tard.
C’est sans doute ce qui fait la véritable histoire de l’art.
Merci de votre attention.

Voici maintenant, pour nos amis anglophones, la version de Christina :
And here is the English version of Christina :

English Résumé

Title: The psychopomp (guide of souls) material
I work for some time on this picture -Invitation edge-edge 02.
invitation edge 02
I have the happiness to paint a few hours each day. It is one of my most balancing activities. I attained yesterday the very special time when I feel that this particular adventure, such as the development of an image, reaches its second climax – the interruption of the creative process because of probable completion. The third highlight will be the transmission of the painting to a custodian.
But what about the high point : where the concretion of the mind is so powerful that it sets the artist en route on a new composition and stimulates him during the entire creative process?
Yesterday, as I said earlier, I looked at my work when the evidence of a reminiscence appeared to me : an entire section of my picture was echoed in a work that I knew quite well, having seen it a few times over the last twenty year.
J.M.W. Turner 
The Goddess of Discord
Choosing the Apple of Contention
in the Garden of the Hesperides
exhibited 1806

I was not shocked. I know that my thoughts have cultural roots. I do not claim any divine capacity of "original" creation in the current meaning of "original". Again, I absolutely love Turner, who , too, was openly inspired by art movements which he knew to belong.
The other aspect, that became clear and interesting to me, of my image - now that I had taken some distance, is that it consisted of elements that were part of my current reflections : daech threats and terrestrial climate disruption, as well as my own (in)capacity for action facing both issues.
"Arte" and "poiête" mean in Latin and Greek "concretize, materialize, making". The artist and the poet manufacture, concretize and materialize. Its their essence, their role, their purpose. But on what grounds ?
I think one must render itself totally permeable to its own existence and vital context, using all his sensibilities, and expressing them in an intelligible and spiritual way. It is a question of addressing essentially to the mind of each human being, starting with oneself, to animate his existence. The spirit being what sustains the individual in his action.
The psychopomp, according to the acceptable definition of Wikipedia, is the fantastic, mythical being, which leads the soul to its ultimate destination, whatever that is.
Apart from the "ultimate" aspect, who knows what will be our last decision ? the artist-poet is the one who, through the induced energy of his work, will condition and animate the present of the one who will receive it.
Would this not be an acceptable definition ? I prefer it to the one pretending that the «real» artist is the one who sells his works (which would reduce Van Gogh to a looser and raise Christie or Sotheby the rank of artistic geniuses). Laugh.
That said, I realize, intuitively, that there is a very short distance between a psychopomp and propagandist : the intention. The psychopomp acts as revealer of the person receiving the work, since he needs his own mind to "complete" the work, give it an acceptable meaning; the propagandist, as for him, seeks to enclose the spirit in an unique thought, unified under the criteria of an interested third party. A tiny nuance...
The artist to avoid this pitfall must address him in an inner search. His work will resonate, or not, wherever it will be compatible or alien to the mindset of his contemporaries, here, now, elsewhere, later.
This is probably what makes the true history of art.
Thanks for your attention.

lundi 9 novembre 2015

La fille d'à côté productions



Comme annoncé la semaine dernière, voici dès aujourd'hui sur les fils du web les deux livres écrits par Christina et illustrés par moi-même.

Téléchargement libre (pdf)
free pdf download
voir les 17 illustrations
see 17 illustrations




Vous en reprendrez bien un peu est un recueil de textes courts illustrés. Christina revient sans concession, mais avec tout le sel de son humour sur des événements parfois improbables de sa riche existence ; elle m'a invité à compléter ses histoires de quelques illustrations. Pour cette série, les images adoptent le ton du sourire poétique.




Téléchargement libre (pdf)
free pdf download
voir les 34 illustrations
see 34 illustrations

Comme si le soleil brillait partout se présente sous forme de textes "nouvellisants". Vous la retrouvez, enceinte, avec d'un bébé de 18 mois et d'un mari qui voit ses capacités de travail se réduire brutalement. Cerise sur le gâteau, tout ce petit monde évolue dans un vieux chalet des Alpes suisses.

Christina raconte au plus près de sa sensibilité et avec humour les découvertes qu'elle y a faites sur les richesses et les limites de son environnement et d'elle-même. Cette fois encore elle m'a gentiment offert la partition visuelle de son ouvrage, ajoutant du même coup une seconde voix à son chant intime.


Vous trouverez une autre présentation de Christina et des 2 ouvrages sur cette page. Le téléchargement libre et gratuit y est également possible.
Pour conclure, tout en rebondissant sur l'article précédent, je ne peux que vous inviter à jouer le jeu et à télécharger ces 2 ouvrages pour comparer l'expérience de leur lecture avec l'expérience de la seule vision des illustrations, pour elle-même. Vous pourrez alors constater, d'une part comment votre propre imaginaire complète les images, mais aussi comment le texte et son image forme un couple authentique, plus évocateur que l'image ou le texte seul.
Bien que les ouvrages soient en français, voici une traduction de l'article pour nos amis anglophones. Aujourd'hui encore, c'est Christina qui peaufine la version anglaise. Merci à elle.

English Résumé

Although the books are in French,  here is a translation of the article for our English speaking friends. Today, it’s Christina again who refines the English version. Thank’s to her.

The girl next door productions

As announced last week,you will find today on the web the two books written
by Christina web and illustrated by myself.

Won’t you have some more ? is a collection of illustrated short stories. Christina returns without compromise, but with all the salt of his humor, uncertain, sometimes improbables events offer rich existence ; she invited me to complete her texts with a few illustrations. For this serie, the images adopt the tone of a poetic smile.

As if the sun was shining everywhere appears under the form of texts « newellisants ». Finding herself pregnant, with an 18 months old baby and a new husband who sees his working habilities cruelly reduced. Top on the cake... this little world is evolving in a very old chalet lost in the Swiss Alps.
Christina relates, to the nearest of her sensitivity and humor, the discoveries that she made concerning the wealth and most of all the limits of her environment and especially herself.
Again she kindly offered me the visual partition of her work, adding at the same time a second voice to her inner song.

You will find another presentation of Christina’s 2 books on this page. The free download is also available.

To conclude, while bouncing on the previous article, I can only invite you to play the game by downloading these 2 items and compare the experience of reading them with the experience of the sole vision of the illustrations for themselves. You will then see, at first how your own imagination completes the images, but also how the text and its images forms a genuine couple more evocative than the image or text alone.
Here are again the links towards the 2 albums of illustrations only :


see 17 illustrations
see 34 illustrations















And as always, thanks for reading and watching.