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samedi 17 mai 2014

femina - tout simplement

J'ai choisi de présenter le plus simplement possible le processus créatif du portrait de Christina.
Son titre : femina.
J'ai utilisé comme Fil d'Ariane le manifeste et les réflexions exposées lors de mon dernier article "Peindre consciemment", paru le 24 avril dernier.
Donc, pour résumer, j'ai monté deux palettes : une pour l'élaboration des structures et l'autre pour les sensations colorées.
Comme les images sont plus parlantes, lorsque l'on parle de peinture, en voici quelques unes, celles des étapes clefs.

le dessin







le verdaccio




la meluzzina



sensations colorées


rehauts et harmonisation





 Pour une image haute résolution, cliquer sur l'image ci-dessous


De chuchotements-printables-max-2048px

Résumé

On peut encore mieux se rendre compte de l'évolution du processus en regardant cette petite animation de 38 secondes :




English Résumé


I chose to present as simply as possible the creative process of the portrait of Christina.
Its title. femina
I used as breadcrumb manifest and the opinions expressed in my last article "Paint consciously", published on April 24
Filmography So to summarize, I mounted two palettes: one for the development of structures and one for colored sensations
As pictures speak louder when we talk. paint, here are a few, those key steps.

jeudi 24 avril 2014

Peindre consciemment

Un mois s'est écoulé depuis mon dernier article. Je n'ai pas peint non plus. Un court voyage à Florence (Italie) et un petit problème d'artère coronaire sont survenus dans mon parcours. Seul le voyage était prévu. Il aurait suffit à me faire revisiter ma façon d'envisager ma peinture. Mais le petit embarras cardiaque m'y pousse encore plus. Si déjà je m'étais résolu à choisir le thème de chaque image comme si elle devait être la dernière, je désire maintenant être sûr autant que ma conscience me le permet de traiter ce thème de la manière la plus authentique et la plus exigeante possible.
femina - étude pour un portrait

Mon prochain tableau sera un portrait, celui de mon épouse Christina. Au-delà de la ressemblance physique, au-delà des trois derniers tableaux que j'ai fait d'elle, c'est bien de ce qui émane d'elle dont je veux être le témoin reconnaissant.
Peindre un visage et la réalité de la personne à qui il appartient est une aventure peu banale. J'ai besoin de m'y préparer. Non seulement par une étude, mais aussi par le choix des moyens que je vais mettre en oeuvre.
Voici donc quelques réflexions à ce propos. Elles se résument à deux questions :
  1.  A quoi donc sert le peintre, fut-il moi-même (sans jeu de mots) ? 
  2. Quels sont ses moyens ( mes outils picturaux, les enseignements qui peuvent me soutenir) ?

1 - ici et maintenant

Balbutiement et Soupir N°13
Selon mon point de vue, l'oeuvre picturale consiste à rassembler l'ensemble de tout ce que le peintre (moi en l’occurrence)est capable d'offrir sur un thème.
Il peut en effet prendre tout le temps et l'espace nécessaire à représenter ce qu'il a senti de l'intuition, de la grâce.
A son tour, le spectateur recevra d'un seul jet cet ensemble, l'image, qu'il pourra selon son loisir et sa sensibilité et sa conscience parcourir pour l'absorber, le ressentir, s'en imprégner à son propre rythme.
«Ici et Maintenant» tient lieu de nos jours de formule sacrée. Formule d'adulte peut-être nostalgique de son enfance pour les uns, clef de la porte du Paradis ou du Grand Tout pour les autres. Chacun selon son état d'esprit. Reste que de formuler «ici et maintenant» fait recours à l'intellect, celui-là même qui court-circuite l'esprit par le désir de contrôle. Formuler est donc créer une illusion.
Ici et maintenant est une intensité HORS espace-temps.
C'est au coeur de ce paradoxe que sera plongé le spectateur de l'image faite par le peintre dont il est le transcripteur.

2 - contraste et harmonie

Voici un bref aperçu de ce qui sera développé dans les paragraphes suivants :

L'image picturale telle que je la conçois est faite d'une structure d'assemblage de traces et de surfaces.  Certaines offrent des contrastes lumineux ou/et colorés dont les lisières proposent des formes.  Ces lisières   sont le lieu du diaphane, là où le sens prend naissance, au coeur de notre mental. Hors les lisières, ou en elles sont les surfaces colorées qui qualifient le sens. toutes ensembles, harmonisent toute la surface, soutenues par la structure générale du tableau qui 
définit la dynamique de l'image, sa charpente, sa composition.

Ce petit manifeste peut paraître un peu ardu ou trop rapidement conclu. Voici donc quelques éléments de réflexion qui le sous-tendent.

3 - Développements

Exemple de lumière - Turner
a) Pour l'entendement humain, de l'opposition naît le sens ; ainsi en va-t-il des oppositions jour-nuit, chaud-froid, sombre-lumineux, néant-présence, etc.  Chaque élément de la paire est le complémentaire de l'autre ; ils peuvent soit exister grâce à l'absence de l'un deux, soit se trouver associés. On parle alors de contraste. Le contraste est donc issu de la juxtaposition des complémentaires.
Ce raisonnement est valable également dans le domaine du visible, de la luminosité et des couleurs. Les complémentaires sont donc tout indiquées pour construire un dessin ou pour définir une atmosphère très dynamique.
L'idée d'harmonie au contraire implique une notion de «sérénité» que la juxtaposition des complémentaires empêche, intrinsèquement. L'harmonie naît d'infimes variations tonales ou colorées, voire de mouvements sans heurts, coulant, des frissons d'aise.
Les contrastes donnent une accélération à la pensée, la mettent en mouvement, l'harmonie lui permet de continuer sur sa lancée.


b) L'attention ne peut se laisser attirer que par ce qui peut s'inclure dans son horizon sémiotique.  Autrement dit : "ce qui me parle, je l'écoute".
Exemple de lumière - La Tour
Par un jeu de contraste on attire donc l'attention du spectateur qui se laisse interpeller. En effet, les contrastes lumineux ou colorés font merveille (la lumière mouvante encore plus, mais ce n'est pas le propos du peintre).  Ils font office de signal et proposent le sens de l'image.
Se manifestent ensuite (parfois parallèlement) les sensations propres à la contemplation.  L'intellect se détend et une état d'esprit se met en place.   C'est l'harmonisation des formes, des couleurs et des valeurs lumineuses qui agissent.
Si le dessin et les contrastes définissent, les actes d'harmonisation réunissent, ouvrent vers l'infini.

c) On ne peut qualifier certaines couleurs de «complémentaires» que par le fait que notre cerveau les perçoit comme interchangeables.   Chacun a fait l'expérience de cette sorte de perception fantomatique : après avoir fixé longuement une couleur, si l'on fixe juste après une surface blanche, la couleur dite complémentaire apparaît, tout en conservant sa forme initiale.   A ce titre, le noir et le blanc sont également complémentaires, même si des personnes leur refusent le statut de couleur.
Contraste et harmonie - Duccio
Essayons d'admettre sans trop de démonstration la proposition suivante : en terme de perception lumineuse, notre cerveau réagit de manière similaire à un stimulus lumineux et à son complémentaire, mais peut lui attribuer un sens opposé en terme de sémiotique.   Voyez un visage vert ou bien rouge et c'est soit un cadavre soit un bon vivant que vous regardez.  Une pomme verte ou rouge sera immature ou mûre, etc.   Mais la tache verte ou rouge désignera toujours une personne ou une pomme, dans ces exemples.   Leur identité est conservée par la forme de la tache, son dessin.  Seules leurs qualités identifiables par la couleur locale seront signifiées différemment par le changement de couleur.


Verdaccio et meluzzina - Duccio
d) En fait, je pense que si le rapport verdaccio-meluzzina me séduit tant dans la peinture des visages et des icônes de Sienne, c'est par le rapport mortalité-vitalité qu'il exprime, même s'il se situe dans une sous-couche de la peinture.
De cette manière, et dans ce sens uniquement, je peux adopter en toute conscience cette «méthode traditionnelle» à chaque fois qu'elle s'inscrit et trouve écho dans mes propres sensations, que je veux exprimer mon propre état d'esprit  :o)

e)

Depuis de nombreuses années, j'associe dans mon esprit les oeuvres de Georges de la Tour et de Joseph Mallord William Turner.  Pourtant le caractère obscure de l'un semble s'opposer aux intenses lumières de l'autre.  En fait, chacun d'eux utilise l'un des complémentaires de luminosité pour signifier le mystère unifiant. De l'obscurité sort la lumière de La Tour alors que Turner élance sa lumière omniprésente vers de très hautes tonalités, d'où surgissent les sujets par contrastes et par couleurs se saturant. «The sun is God» serait la dernière phrase de Turner.

A ce duo, j'associe la compagnie d'un troisième peintre qui me tient énormément à coeur, Pierre Bonnard. Lui n'utilise aucun des contrastes créant le chiaroscuro des deux autres. Bien au contraire, il s'efforce de ne pas utiliser la couleur comme valeur tonale.  Là où Turner et La Tour utilisent le surgissement presque tri-dimensionnel et l'oblitération du contexte par l'obscurité ou la lumière transcendantes, Bonnard cherche le recours absolu de la surface unifiante et formant comme un tout cosmique et universel.
Turner et La Tour utilisent le surgissement par le contraste pour évoquer une présence métaphysique, "religieuse", alors que Bonnard la manifeste par une absence la plus complète de contraste, induisant ainsi l'idée d'un Tout unifiant, universel.
Exemple de lumière - Bonnard
Turner de toute évidence, mais aussi La Tour, agit dans la logique d'un graveur (très prosaïquement, la vente des gravures basées sur ses carnets de voyages étaient extrêmement lucratives). Bonnard, lui, agit en lithographe (à l'instar de Toulouse-Lautrec qui ornait lui aussi les rues de Paris de ses affiches).
Mais ce n'est pas tout. Si je suis attaché à chacun de ces peintres c'est qu'il y a en chacun d'eux quelques aspects qui me correspondent très intimement. Une constante recherche d'expression, un grand sens de la liberté par rapport à la critique et à la mode du moment, l'ouverture chez Turner, l'intime chez Bonnard et La Tour, mais aussi une très grande proximité avec la Nature, fut-elle humaine, et ce qu'elle exprime de puissant et de fragile, de permanent et d'éphémère, de proche et d'infini. Tout ceci me procurant une attitude très active et contemplative, un état d'esprit très religieux au sens le plus large du terme.

English Résumé

The pictorial image as I see it is made of an assembly of traces and surface structures. Some have bright and/or colored  contrasts the edges of which offer forms. These edges are the location of the diaphanous, where the meaning is born in the heart of our mind. Outside or inside the edges are colored surfaces that describe the meaning. They do all together harmonize the entire surface, supported by the general structure of the picture which defines the dynamics of the image, its skeleton, its composition.

dimanche 29 décembre 2013

Verdaccio à l'ancienne ?

Je fais des essai  pour déterminer quel type de verdaccio je vais utiliser principalement dans mes sous couches.
Cennino Cennini nous indique de prendre une fève d'ocre pour une lentille de noir et un tiers de fève de blanc. Il y ajoute parfois du cinabre (vermillon de sulfure de mercure, hypertoxique : vous y pensez vous êtes déjà malade !)
J'ai fait des essais de palettes uniquement pour ce verdaccio. Ce n'était pas simple : quel blanc et quel noir utiliser ?
Les blancs de zinc et de titane diffèrent surtout par leur qualité couvrante : pour des nuances nombreuses, le zinc va bien ; il tend à mieux conserver les températures chaudes de l'ocre jaune. Le blanc de titane permet des corrections un peu plus rapides, mais donne des dégradés d'ocre assez ternes, suffisants pour une sous-couche ?
Les noirs en lice sont celui d'oxyde de fer et celui de spinelle.   Ce dernier est le noir total : même à l'huile il ne réfléchit rien ; c'est un fonceur de première, à doser prudemment !   Le noir intense de l'oxyde de fer est bien aussi, donne une température très légèrement chaude.
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Certains peintres du quattrocento utilisaient une argile verte, que j'ai pu me procurer (Terre verte de Vérone authentique c/o Kremer).   Je l'ai testée il y a quelques semaines avec bonheur sur un portrait
De Thomas .
La mise en œuvre demande un certain effort : ce pigment demande à être broyé consciencieusement, car il est très transparent. Un broyage insuffisant vous donnera une peinture sablonneuse, désagréable au toucher de pinceau et peu efficace.
Pour travailler une sous-couche en températures de couleurs, il faudra lui ajouter un peu d'ocre jaune ou de jaune hansa. Il convient tel quel pour les tons froids.

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J'ai encore fais quelques essais avec la Terre d'ombre brûlée.
A ma grande surprise, ils ont été magnifiquement concluant. Voici pourquoi :
  1. Lorsqu'on l'utilise en dilutions diverses avec un médium maigre (au vernis dammar, p ex) il se décline en teintes chaudes
  2. Si on le voile de blanc de titane (ou de zinc, mais il est assez fort pour se mesurer à l'oxyde de titane) il prend alors des tonalités froides.
  3. Si pour le réchauffer on lui ajoute du jaune primaire, il prend des allures de verdaccio alla Cennini :o)
On peut donc faire une ébauche en utilisant de l'ombre brûlée, du médium et éventuellement du blanc et de l'ocre. Difficile de faire plus simple.
^~
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